Ce type de pont « Bailey » a été pensé comme provisoire en temps de guerre. Comme il dure, les habitants ont décidé de la mener, leur guerre.
Un de nos chroniqueurs favoris, Issihaka Abdillah, avait bichonné une tribune « Lorsque les mêmes causes produisent les mêmes effets », sur les promesses non tenues en infrastructures. Il faisait un retour sur engagements : « Des travaux de colmatage sont régulièrement réalisés mais n’arrangent pas le trafic sans cesse en augmentation notamment le passage des poids lourds de plus de 19 tonnes. Là aussi, il existe un projet pour la déviation de la RN1 piloté par la DEAL dont l’objectif serait de réaliser un nouveau tronçon routier de type « rase campagne ». Il existe bien un marché public de maîtrise d’œuvre publié en décembre 2013 sous la référence 906131 et dont la date de clôture était fixée au 5 février 2014 pour un prévisionnel de début des travaux le 3 mars 2014. » Et avait conclu, « En attendant que les poules aient des dents, de l’eau continue à couler sous ce pont. »
Si la population se mobilise, c’est que l’affaire dure. Une avancée était annoncée l’année dernière, avec croquis à l’appui, mais pas davantage d’information à ce sujet. La DEAL en dressait un sombre tableau l’année dernière en assurant qu’il y aurait du nouveau, « l’état du pont ne permet plus d’assurer la sécurité optimale des usagers », et qui « nécessite des réparations fréquentes ». Outre sa seule voie de circulation, il ne comporte aucun passage dédié aux piétons, et les poids lourds de moins de 19t ne peuvent l’emprunter et sont priés de contourner par l’ouest ou le centre de l’île.
Reprenant le dossier d’études préalables de décembre 2015, le nouveau pont présenterait un tracé unique de la déviation, et un ouvrage principal en quadripoutre afin de franchir la ravine de Mro Oua Mare. De 34,70m de long, il intègrerait deux sens dans un tracé de contournement de Dzoumogne de 310m entre deux giratoires.
Face à la grogne et au blocage du pont ce lundi, le préfet a tenté une négociation, indique-t-il par communiqué, avec la proposition d’une rencontre ce jeudi. Mal reçu pas des habitants échaudés qui ont été écartés du bitume par les forces de l’ordre. La réunion est néanmoins maintenue, avec les services de l’Etat, le conseil départemental et la commune.
A.P-L.