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samedi 4 mai 2024
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La Chambre d’agriculture sort de la tutelle renforcée de l’Etat

Faiblement développé, le secteur agricole était en manque d’accompagnement par sa structure mère, la CAPAM. Grâce à un accompagnement gagnant de l’Etat et du conseil départemental, elle va désormais pouvoir remplir ses missions au bénéfice des agriculteurs mahorais.

La CAPAM sort du rouge pour enfin se mettre au vert ! La Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’Aquaculture de Mayotte était au fond du gouffre en 2016, la menace pesait sur le versement des salaires. Ses élus n’avaient pas anticipé l’évolution de son mode de financement en 2015 qui basculait vers une facturation à la mission, et non plus des généreuses subventions du conseil départemental. La Chambre s’en trouva fort dépourvue, les seules recettes issues de la taxe sur le foncier non bâti ne suffisant pas à éponger une charge salariale trop gourmande (+30% en 2014).

En conséquence, ce sont les élus eux-mêmes qui réclamaient le placement de la structure sous tutelle de l’Etat. Il faut dire qu’ils avaient sous les yeux un modèle gagnant, celui de la Chambre de commerce et d’Industrie (CCI), qui après deux ans d’accompagnement de l’Etat, avait gagné en autonomie et en maturité.

A son arrivée à la présidence en 2019, Anthoumani Saïd promettait de remettre la CAPAM sur les rails, toujours sous l’œil de l’Etat. Si rien n’est encore gagné, la tutelle sera levée à la fin du mois, une première reconnaissance du travail accompli, nous explique-t-il : « La CAPAM va désormais pouvoir gérer ses dépenses, et cela grâce à deux avancées. Le rapport de gestion est positif, avec chaque centime contrôlé en dépense, et l’arrivée d’un nouveau directeur. Il n’y en avait plus depuis plus d’un an. »

Au plus creux de l’histoire de la CAPAM en 2017, le personnel appelait à l’aide pour régler les dettes

Mariages officiels chez les caprins

Le choix s’est porté sur un poids lourd en la matière Stéphane Allard, qui a derrière lui 28 ans de Chambre d’agriculture du Gard, à Nîmes, comme il nous l’explique : « Après avoir travaillé comme conseiller entreprises dans cette chambre, j’ai évolué au sein de la Chambre régionale où j’ai travaillé sur le Salon international de l’Agriculture. J’ai ensuite œuvré aux financements du fonds européen FEADER, au programme régional agricole CasDAR*, et au rapprochement des Chambres d’agricultures Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon ». Son objectif principal, c’est « la réorganisation et la structuration de la CAPAM, car elle n’est pas reconnue comme acteur principal auprès des agriculteurs, c’est un problème. »

Pour y arriver, peut-il compter sur une assise financière solide ? Ce n’est pas encore gagné, nous explique le président Anthoumani Saïd : « Ça va mieux, mais la dette est toujours là, à hauteur de 500.000 euros. L’Etat et le conseil départemental ont pris l’engagement de nous aider à la solder à part égale. Ce dernier va bientôt atteindre 50% de son objectif. » Si le président attend des espèces sonnantes et trébuchantes de la part de l’Etat pour alimenter sa trésorerie, ce dernier estime avoir valorisé son accompagnement autrement, notamment en apport d’ingénierie et en mesure favorisant le redressement, nous avait expliqué le précédent directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt).

L’accompagnement se concrétise notamment par l’octroi de missions, qui permettent d’engranger des recettes. Le CasDAR en est une. D’autres sont à venir, nous explique toujours Anthoumani Saïd : « Nous devons mettre en place un programme d’installation des jeunes agriculteurs, ou encore, travailler sur l’élaboration de cheptel de petits ruminants. Pour l’instant, les agriculteurs importent illégalement des chèvres depuis les Comores pour avoir des races métisses, avec tous les risques sanitaires que cela comporte. Nous allons organiser une insémination avec les professionnels de La Réunion, pour obtenir des races définies. »

La pêche à la traine

CAPAM, pêche, Mayotte, conseil des ministres
Le secteur pêche n’est toujours pas dans le droit commun

La CAPAM est attendue sur d’autres dossiers majeurs, complète Stéphane Allard, « notamment l’hydraulique. Il faut fournir aux agriculteurs de l’eau pour leurs exploitations. En ce qui concerne l’installation des jeunes agriculteurs dont parlait le président, il faut que les anciens agriculteurs de 60 ans libèrent du foncier. » Ce qui pose le problème des retraites inexistantes à Mayotte dans le secteur agricole, les cotisations à la MSA ne datant que de 2001, année de l’installation de la mutuelle. « Les agriculteurs ne toucheront une retraite que dans 15 ans », nous confirme-t-il. Sans mesure compensatoire auprès des vieux agriculteurs, peu de chance que ces derniers délaissent pelle et chombo.

Si la trésorerie se regonfle et permet de payer les actuels fournisseurs, la CAPAM a une autre épine dans le pied, le secteur de la pêche qui n’a pas pour vocation de rester au sein de la structure. Nous avons à de nombreuse reprise évoqué ce sujet, notamment à travers la récente ordonnance d’avril 2022 redéfinissant le périmètre d’action de la Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM) pour y maintenir la pêche, qui ne parvient pas à s’émanciper faute de Comité régional de pêche. « Les élus de la pêche veulent immédiatement un Comité régional de pêche quand on leur suggère de passer par le stade d’une association préfiguratrice pour s’approprier la gestion et préparer les élections de 2027. Moralité, rien n’avance », déplore le président Anthoumani, qui alerte sur une échéance, celle de 2025, « les secteurs de la pêche et de l’aquaculture ne feront statutairement plus partis de la CAPAM qui deviendra une vraie chambre d’agriculture. »

L’embellie est donc au bout du champ, et si on ne peut pas passer de 5 ans d’instabilité à une situation sereine, la CAPAM semble avoir retrouvé des marges de manœuvres suffisantes pour œuvrer au bénéfice des agriculteurs. Une bouffée d’air dans un secteur sous-développé à fort potentiel d’emplois.

Anne Perzo-Lafond

* Le Compte d’affection Spécial au Développement Agricole et Rural est alimenté par une taxe payée par les agriculteurs sur leur chiffre d’affaires.

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