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Fièvre typhoïde et diphtérie, des maladies liées à la précarité qui subsistent à Mayotte

Eau non potable, aliments souillés ou manque d'hygiène et surtout vaccination insuffisante : Mayotte souffre des grands maux des pays les plus précaire. C'est pourquoi des maladies quasiment disparues en occident continuent d'y sévir. Un bébé non vacciné a notamment perdu la vie cette année, emporté par la diphtérie, maladie à vaccination obligatoire.

Durant les cinq premiers mois de l’année 2022, pas moins de 54 cas de fièvre typhoïde ont été signalés à l’ARS de Mayotte. Cela représente une hausse de 15 cas par rapport à la moyenne des six dernières années indique l’agence Santé Publique France. La fièvre typhoïde est en effet « une maladie endémique à Mayotte, avec environ une quarantaine de cas en moyenne par an ». Plus de la moitié des cas en 2022 ont été signalés à Koungou, la seconde commune la plus touchée étant celle de Labattoir. « Les investigations sont en cours afin identifier des possibles clusters dans la commune de Koungou » indique Santé Publique France.

Si aucun décès n’est à déplorer, 32 patients ont dû être hospitalisés « au moins une nuit » et 5 patients sont passés par le service de réanimation du CHM. Il est à noter qu’aucun des patients recensés n’était vacciné contre cette maladie.

La fièvre typhoïde est causée par la bactérie Salmonella enterica sérotype Typhi, rappelle SPF. La maladie s’attrape par contact avec des eaux contaminées ou des contacts avec des feces contaminés.

La maladie se manifeste plus d’une semaine après la contamination. « La durée d’incubation est le plus souvent de 7 à 14 jours mais peut varier de 3 jours à 1 mois. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes se manifestent classiquement par une fièvre prolongée, des maux de tête, une anorexie, une splénomégalie, une éruption, une somnolence (voire une obnubilation), des diarrhées ou plus fréquemment une constipation chez les adultes. Le retard de prise en charge adaptée est à l’origine de formes sévères ». En l’absence d’antibiotiques, cette bactérie est mortelle dans environ 10% des cas. Un taux qui tombe en deçà de 1% avec un traitement adapté.

L’hygiène, l’accès à l’eau potable et la vaccination sont les principales mesures de prévention. Outre les mesures d’hygiène (lavage des mains etc.) il convient surtout de consommer une eau propre à la consommation, et d’éviter les aliments à risque.

Gare à la diphtérie : un décès et des cas en augmentation en 2022

Très contagieuse, la diphtérie a fait un mort à Mayotte cette année, et les cas sont en augmentation, passant de 4 cas en 2020 à déjà 6 cas en 2022. Avant 2019, il n’y en avait qu’entre 0 et 2 cas par an, généralement venus des Comores. « Probablement sous-diagnostiquée à Mayotte du fait de sa disparition en France métropolitaine » la diphtérie « présente un risque lié à une couverture vaccinale insuffisante chez les enfants mais aussi les adultes » s’inquiète Santé Publique France. La moitié des cas déclarés au niveau national le sont à Mayotte. Le risque principal réside dans une toxine mortelle que peut produire Corynebacterium diphtheriae, la bactérie responsable de la maladie.

« Atteintes cardiaques ou neurologiques »

Quelques chiffres peu rassurants

« Le tableau classique est une angine peu fébrile, plus ou moins dysphagique avec pâleur et adénopathies sous-maxillaires. Les amygdales sont recouvertes de fausses membranes blanchâtres, de couleur crème ou grisâtre, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx. Elle peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le
décès. La diphtérie cutanée se repère par la présence de fausses membranes sur une plaie ou d’une ulcération cutanée préexistante, alors volontiers poly microbienne » détaille l’agence.

Face au risque, le CHM s’est adapté. Depuis 2012, l’hôpital de Mayotte dispose d’une « procédure de diagnostic rapide » et peut aussi détecter la toxine dangereuse.

La vaccination est obligatoire pour les enfants

C’est cette toxine produite par la bactérie qui a causé la mort d’un nourrisson de 7 mois, non vacciné, et qui est décédé malgré son evasan à La Réunion en février dernier. UN autre patient positif à cette toxine est un enseignant,  pas vacciné lui non plus.

Selon Santé Publique France, la couverture vaccinale insuffisante à Mayotte (le vaccin « DT Polio » est pourtant obligatoire) expose notre département à l’apparition de nouveaux cas, a forciori en raison de « la situation sanitaire » des pays voisins, notamment Madagascar et les Comores où « de nombreux cas sont identifiés chaque année ».

Pour en savoir plus :
Dossier sur la diphtérie
Recommandations du HCSP
Le vaccin contre la diphtérie

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