Mayotte Nature Environnement, plus communément appelée MNE, est l’une des plus importantes fédérations environnementales de notre île. Pas moins de vingt associations adhèrent chaque année pour participer activement à la biodiversité et l’équilibre de l’éco système terrestre et marin de notre petit archipel.
Comme ses dirigeants l’indiquent, MNE est une actrice majeure de la société civile mahoraise. Elle est impliquée depuis dix ans pour accompagner les associations environnementales du territoire, développer des projets pour la protection de l’environnement, sensibiliser le public et défendre l’environnement devant les instances de représentations publiques.
Dix ans, ça se fête
À l’issue d’une assemblée générale, permettant un bilan positif des deux dernières années, malgré la crise traversée, c’est un petit comité qui se voyait proposer un buffet aux senteurs bien locales. Le bonheur pour chacun des invités, de pouvoir échanger les uns avec les autres, un cocktail tropical dans une main et un samosa dans l’autre.
Depuis toutes ces années, MNE a marqué le paysage mahorais par de fortes actions environnementales, surtout dues à des efforts de sensibilisations. Il fallait marquer le coup pour ses 10 ans, souligner l’importance d’être unis et par ailleurs rappeler les nombreuses avancées en lien avec les associations, partenaires de longues dates et les nouvelles venues.
Son président, Houlam Chamssidine, également grande figure locale de l’environnement, ne manque pas de souligner, qu’il ne faut surtout pas lâcher, malgré cette cohésion, car le combat n’est toujours pas gagné.
Chaque association environnementale souhaitant rejoindre la fédération, peut adhérer en ligne sur le site HelloAsso, mais aussi suivre les différentes actions à travers les réseaux sociaux très actif : Facebook, Instragram et Twitter.
L’éveil de la permaculture, un film pour échanger
Pour l’occasion, l’équipe de MNE a proposé une projection inédite (sur notre île) du documentaire « L’éveil de la permaculture », un film documentaire d’Adrien Bellay, distribué en 2017 dans les salles françaises.
Le film se centre essentiellement sur des témoignages et l’expérience de vie de grands figures modernes de la permaculture, ainsi que ceux qui en font la découverte. Un genre d’œuvre racontant la trajectoire de groupe de personnes rassemblées autour d’une sensibilisation.
Pour expliquer un peu, et selon les termes du Larousse : la permaculture est un mode d’agriculture fondé sur les principes de développement durable, se voulant respectueux de la biodiversité et de l’humain, et consistant à imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels.
Derrière cette démarche, le réalisateur documentariste, fait un choix assez radical de pénétrer un monde quasi sauvage, auquel on pourrait s’identifier, mais duquel l’homme, par son évolution s’est totalement éloigné. On retrouve le goût prononcé des protagonistes voulant à la fois préserver l’environnement et créer à travers cela leur autosuffisance. Le film se concentre principalement sur l’enseignement et la découverte des bases, car selon les spécialistes, la permaculture, c’est le travail d’une vie entière.
Malgré l’intérêt fort du film, à travers parfois de belles séquences dans la campagne, nous avons la sensation de voir quelque chose d’assez caricatural sous certains axes. La grande majorité des « acteurs » ont l’air de hippies ou bourgeois bohèmes, promouvant la vie communautaire comme une issue au monde pollué et abîmé par l’homme. Pas sûr que les plus sceptiques de l’environnement répondent favorablement aux requêtes de « Jean-Etienne » étudiant à Science po, témoignant torse nu devant une caravane, coiffé de dreadlocks. Comme une forme d’idéologie des années soixante-dix, qui oublie d’avancer avec son époque.
La justesse du propos principal, nous fait en revanche réfléchir sur la possibilité d’une issue à Mayotte, où nombreux sont ceux qui conçoivent leurs « bangas » autour de leurs cultures. La base est là, mais pourrait être plus évolutive dans le bio, surtout que la permaculture est adaptable à tous les climats, à condition de garder le cap d’une agriculture saine sans pesticides. Notre île est encore malheureusement victime de produits pourtant interdits sur le territoire national.
C’est à l’issue de la projection qu’un dialogue s’est ouvert avec des intervenants et Houlam Chamssidine, autour de l’existence de la permaculture à Mayotte, entre autres avec le « jardin Mahorais ». Mais il reste encore du travail pour que l’on garantisse une durabilité et une efficacité auprès des paysans. Nous avons appris lors de cette soirée, que pas moins de trente agriculteurs seront labélisés bio d’ici la fin de l’année.
Une autre avancée culturelle, forte pour notre île.
À suivre.
Germain Le Carpentier