L’esclavagisme au cœur de l’enseignement

Adapter les programmes en fonction du territoire, c’est un des objectifs de l’atelier sur l’esclavage proposé aux élèves du collège K2 en partenariat avec les Archives. A deux jours de la commémoration.

Lorsque fut publié le décret du 27 avril 1848 qui abolissait l’esclavage partout en France, à Mayotte et dans la région lui survivait le statut d’ « engagé volontaire ». D’autre part, si la date du 27 avril a été retenue ici pour la commémorer, l’abolition prend en réalité corps le 9 décembre 1846 avec le décret d’abolition de Louis-Philippe, proclamé à Mayotte les 1er et 9 juillet 1847.

Autre particularité, le système d’esclavage qui prévalait sur le territoire était le fait d’arabo-shiraziens. Certaines familles mahoraises étaient également propriétaires d’esclaves. C’est cette part ignorée de l’Histoire de l’île que les jeunes de K2 ont pu explorer grâce à un partenariat nouée par l’Education nationale avec les Archives départementales.

Exposé du travail devant le recteur et Inssa de Nguizijou (au fond à droite)

Toute la journée, les classes défilent au CDI du collège, axant leur travail autour de 3 ateliers : Traite négrière, Esclavage et société et Abolition de l’esclavage à Mayotte. Chaque groupe aborde des thématiques en se dédoublant en sous-groupes. Une action menée dans le cadre de l’adaptation des programmes d’Histoire-géographie à Mayotte, dont est chargée Mouniati Moana. « Toutes les classes de 4ème sont concernées par cette approche de la traite orientale, puisque la thématique est au programme ». Un acte essentiel pour l’enseignante qui évoque un « contexte de déni de l’esclavagisme ».

« Les esclaves étaient les plus nombreux dans l’organisation sociale »

Revenait au cœur des échanges avec le recteur Gilles Halbout et le préfet Thierry Suquet, le nom du collège de Dzoumogne, Bakari Kusu, qui avait fait polémique à l’époque, « il fut esclavagiste, mais ensuite libérateur d’esclave », rapportait l’enseignante. Reflétant aussi l’Histoire de l’île, pour le représentant de l’Education nationale.

Elève de 4ème à K3, Noah juge l’expérience intéressante : « J’ai appris les différents commerces au niveau de la traite négrière, notamment comment les esclaves étaient vendus. »

C’est naturellement Inssa de Nguizijou, Service des publics et de la communication aux Archives départementales, qui a monté les séquences proposées aux élèves. Il rappelle la particularité de la traite négrière ici : « Les élèves découvrent le contexte d’un esclavagisme non pas atlantiste, mais oriental, qui induit une organisation sociale propre à Mayotte et à l’Afrique de l’Est. Avec une hiérarchisation particulière entre la haute société, les gens libres et les esclaves. Ceux-ci étaient les plus nombreux ».

La récente BD vient enrichir les données historiques sur Mayotte

Un travail en partenariat avec l’Education nationale qui le réjouit, « cela montre qu’il est possible d’adapter les programmes en fonction de ce que nous avons dans nos fonds. »

A.P-L.

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