Le gouvernement comorien a suspendu, le 19 mars, l’agrément de la compagnie aérienne AB Aviation. « L’agrément n°20/098/ N°20/098/MPTENI-TMA/SG du 30 juillet 2020 de la compagnie de transport aérien d’AB Aviation est suspendu », indique la décision N°22/052/MTMA/SG, signée par le secrétaire général du ministère des Transports, Ali Mohamed Abdallah, et adressé au directeur général de la compagnie, Ayad Bourhane.
Peu avant cette note de suspension, l’autorité de l’aviation civile comorienne, dans le courrier N°22-08/DG/ANACM, en date du 8 mars, avait interpellé la compagnie au sujet de la procédure d’indemnisation des victimes du crash, citant notamment « la Convention de Montréal de 1999 sur la responsabilité du transporteur en cas de mort causé par l’accident de son avion« . Le courrier de l’aviation civile rappelait les préjudices des victimes d’un accident et les procédures de dédommagements prévus à cet effet.
Cacophonie autour de l’indemnisation des victimes
« Je vous saurai gré de prendre toutes les dispositions qui s’imposent afin d’assumer les responsabilités qui sont les vôtres en tant que Transporteur Aérien impliqué sur cet accident« , lit-on dans ce courrier de deux pages signé par Nassur Ben Ali, le directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACM). A ce jour, le ministère des Transports dit n’avoir rien vu venir au sujet de la procédure d’indemnisation des victimes du crash. Dans sa décision, le ministère des Transports précise que la suspension a été motivée par la réponse de la compagnie AB Aviation du 10 mars 2022 refusant de prendre en charge les victimes de l’accident…en attendant la fin de l’enquête ».
Contacté par le journal de Mayotte, le directeur général d’AB Aviation n’a pas souhaité faire le moindre commentaire pour l’instant. Cette suspension fait sans doute suite au crash du 26 février du CESSNA C208B abimé en mer à Mwali, la petite île des Comores. L’indemnisation des victimes est au cœur d’une incompréhension entre l’aviation civile comorienne et la compagnie. Un responsable du ministère des Transports fait état de « l’incapacité » supposée de la compagnie de fournir l’identité de l’assureur du CESSNA C208B immatriculé 5H-MZA.
La direction générale d’AB Aviation, dans une réponse en date du 10 mars, avait fait savoir au sujet de l’indemnisation que ses services auraient pris le soin d’en informer « son partenaire Fly Zanzibar, exploitant de l’avion accidenté » qui, selon le courrier, « a d’ores et déjà pris contact avec l’assureur de l’avion, la société Phoenix Assurance of Tanzania company limited, représenté par son courtier en assurance, la société Aib ». La lettre laisse croire des démarches engagées pour matérialiser la procédure.
Le directeur d’AB Aviation précise encore que la société Aib « a mandaté la société McLarens Aviation aux fins d’entamer les procédures de rigueur aussi bien auprès des familles que d’AB aviation ou toute autre tierce personne concernée […] », se justifie Ayad Bourhane qui indique qu’Ab aviation fera le nécessaire pour assister les familles dans un rôle « de facilitateur entre elles et l’assureur pour les questions relatives à la traduction ou tout autre élément pouvant aider à la communication ».
Le coût des dédommagements des victimes inconnu
Il est notamment reproché à la compagnie de ne « rien faire pour assister et soutenir les familles des victimes« , selon un technicien du ministère des Transports. La direction de la compagne a apporté un démenti, rappelant avoir bien participé aux opérations de recherches. « Nous avons mis à disposition à nos frais, un avion de type Caravan ainsi qu’un bateau afin d’assister et appuyer les équipes déjà en place« , souligne Ayad Bourhane dans sa réponse où il retrace, de façon chronologique, les actions engagées par sa compagnie depuis l’annonce du crash dont la « d’un groupe de discussions sur WhatsApp avec ces membres de famille afin de rester en contact permanent avec eux« .
Aujourd’hui, AB Aviation est cloué au sol. On ignore le coût des dédommagements des victimes. Le crash du vol Y91103, le 26 février dernier, a fait 14 victimes dont deux membres d’équipage, deux pilotes d’origine tanzanienne et 12 comoriens dont deux enfants. Des recherches ont été engagées avec l’aide de l’association Comores Plongée. Des débris de l’appareil ont été retrouvés mais la carlingue n’a pas été retrouvée. Un seul corps a été repêché le 3 mars. Un deuil national de trois jours avait été décrété. Une enquête a été ouverte. Les Comores avaient fait appel au Bureau d’enquête et d’Analyses.
A.S.Kemba, Moroni