Depuis le 1er janvier 2022, la France assure la présidence du Conseil de l’Union européenne, c’est à dire, du Conseil des ministres de l’Union européenne. Qu’est ce que cela veut dire pour nous ? Pour les jeunes ? Afin d’impulser une meilleure connaissance de l’UE, et comprendre par exemple qu’à Mayotte, et sans jeu de mot, « l’Europe, c’est pas que les barges », la direction générale de l’enseignement scolaire crée un « Lycée d’Europe ».
Du 12 au 19 février 2022, 82 lycéens européens et 26 professeurs issus de 26 pays de l’Union ont réfléchi à la construction d’une société européenne qui partage une histoire, des cultures et des modes de vie, des enjeux et des défis politiques communs. L’ambition est de créer un rendez-vous annuel à l’attention des lycéens des 27 pays de l’Union européenne, pour renforcer leur connaissance de l’Union et développer un sentiment d’appartenance.
Parmi ces 82 lycéens européens, une mahoraise, Angèle Sélémani, a été choisie pour son projet qu’elle a présenté ce vendredi à d’autres élèves de son lycée de Sada. Au premier contact, on n’est guère étonné que cette Terminale spécialité Histoire-géographie, sciences politiques et sciences économie et sociale, de 18 ans ait été sélectionnée. Convaincu d’une culture commune entre tous les pays, elles et ses comparses de Terminale ont imaginé un musée virtuel : « Nous avons hérité d’un des cinq ateliers qui porte sur l’espace historique des lieux de mémoire. Il fallait donc diviser en plusieurs époques, le Moyen-Âge, l’Humanisme, le siècle des catastrophes que fut le XXème siècle et la construction européenne, le XXIème siècle. Et chaque pièce du musée représentait une période. »
Quel toit pour l’Europe du XXIème siècle ?
Et ce n’est pas la plus joyeuse des périodes sur laquelle elle s’attarde : « Il fallait expliquer pourquoi les lieux évoqués étaient porteur de mémoire. Parler des deux guerres mondiales était inévitable, et on ne pouvait pas éluder le seul camp de concentration français, celui de Struthof, qui n’a pas vu d’extermination des juifs, mais qui fut un camp de travail forcé et d’expérience scientifiques menés sur leurs corps ». Initialement, le projet prévoyait que les jeunes se retrouvent à Strasbourg, et visitent notamment le camp de Struthof, « en raison des restriction sanitaire, on l’a fait de façon virtuelle ».
La 4ème période, celle de la construction européenne, est représentée par une pièce à terminer, où les murs en parpaing attendent des finitions, et où il manque encore le toit.
Pour perfectionner la connaissance des autres élèves du lycée, et puisque c’est l’objectif du projet, Angèle Sélémani a présenté son montage vidéo ce vendredi après-midi aux élèves des Cordées de la réussite, et devrait faire de même au collège de Sada.
Elle espère rencontrer les 81 autres lycéens européens néanmoins, « car je suppose qu’à travers ce projet, ses initiateurs souhaitaient que des jeunes de différents pays d’Europe se rencontrent et tissent des liens. »
C’est une première pierre, nous indique le proviseur du lycée Jean-Pierre Redjekra, qui voit plus loin : « Un noyau d’élèves de seconde et de Première envisage de créer un Club Europe dans le lycée ».
Anne Perzo-Lafond