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jeudi 18 avril 2024
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Soupçonné de trafic de «chimique», le fonctionnaire du département reste en prison

Palais de justice de Saint-Denis de La Réunion (Crédits photo: JIR)
Palais de justice de Saint-Denis de La Réunion où le maintien en détention du fonctionnaire a été décidé hier mardi en visioconférence (Crédits photo: JIR)

Ce métropolitain fait vraisemblablement partie des premières personnes à avoir introduit le fléau de la «chimique» à Mayotte. Fonctionnaire au conseil départemental, cet informaticien est soupçonné d’avoir été à la tête d’un réseau de trafiquants, démantelé en juin 2014. Il est détenu au centre pénitentiaire de Majicavo.

L’homme a été confondu par les gendarmes à la suite d’un tuyau refilé par un indicateur venu avec un échantillon de cette fameuse poudre blanche. En 2014, 1.920 grammes de «chimique» sont alors découverts au domicile du cerveau présumé de cette affaire suivie par la section de recherches de la gendarmerie. Si on prête à ce produit des effets similaires au cannabis, la «chimique» est en fait bien plus puissante, addictive et dangereuse. Les amateurs la consomment en la mélangeant avec du tabac.

Le 4 juin 2014, le Mzungu est mis en examen puis écroué pour trafic de stupéfiants, contrebande de marchandise dangereuse pour la santé mais aussi pour exercice illégal de la profession de pharmacien… Car c’est via une société créée en auto-entreprenariat en 2013 qu’il a continué à importer la drogue de Chine en passant commande sur internet.

Au moins 6 kilos importés

A l’époque, l’homme présentait son entreprise domiciliée en Alsace, d’où il est originaire, comme étant spécialisée dans le «commerce de gros de produits chimiques»… Il ne pouvait pas être plus clair. Les enquêteurs pensent qu’il aurait importé au moins six kilos de ce produit au cours des deux années précédant son interpellation.

La poudre blanche, cannabis de synthèse communément appelée "chimique" (image: gendarmerie)
La poudre blanche, cannabis de synthèse communément appelée « chimique » (image: gendarmerie)

Dépressif, il en faisait venir pour son usage personnel chez lui à Koungou, mais aussi pour son entourage à qui il assurait que le produit était licite. Acheté à deux euros, le gramme de «chimique» était revendu à 10 euros, voire même jusqu’à 50 euros par certains des revendeurs que les enquêteurs ont relié à l’individu. De quoi lui assurer un sacré revenu complémentaire, alors qu’il perrcevait déjà un salaire mensuel de 2.300 euros.

Il reprend ses importations malgré le contrôle judiciaire

Remis en liberté le 31 juillet 2014, le fonctionnaire était censé respecter les termes de son contrôle judiciaire, ce qu’il n’a pas fait comme on a pu l’apprendre hier à la chambre de l’instruction de la cour d’appel. Les gendarmes se sont en effet rendus compte que l’homme avait recommencé à importer son produit fétiche.

En mars dernier, il a une fois encore réceptionné de la «chimique» à son domicile. Les enquêteurs ont par la suite découvert un mandat Western Union d’une valeur de 1.500 euros qui était destiné à son fournisseur habituel en Chine. D’après ses relevés bancaires, le fonctionnaire aurait récidivé dès le mois de décembre 2014, soit cinq mois à peine après sa libération.

Il avait alors viré plus de 3.000 euros en Chine pour acquérir environ 1,5 kilo de produit. La valeur à la revente est estimée à plus de 37. 000 euros par les enquêteurs. Le prévenu explique avoir réalisé ce virement pour s’acquitter d’une dette auprès d’une connaissance prénommée «Abdel Mohamed».

Il plaide sa bonne foi

Placé depuis en détention provisoire, l’homme demandait une nouvelle fois sa remise en liberté, hier mardi. En mai dernier, le juge des libertés et de la détention s’y était opposé.
Sa ligne de défense reste la même: pour lui, le produit qu’il importait n’est pas considéré comme stupéfiant. Les analyses réalisées dans le cadre de l’enquête révèlent pourtant bien la présence de «cannabinoïde de synthèse».

Saisie de chimique par la gendarmerie en 2015 à Mayotte (Image: gendarmerie)
Saisie de chimique par la gendarmerie en 2015 à Mayotte (Image: gendarmerie)

«Je pensais remplir toutes les conditions de prudence en le vendant uniquement aux personnes majeures, a-t-il répété. Je n’ai jamais eu de revendeurs et je ne possède pas non plus de richesses. J’avais un chiffre d’affaires de 40.000 euros dont 22.000 euros de bénéfice. J’ai une vie modeste, une maison normale. Je n’ai pas de grosse voiture et je ne voyage pas particulièrement. Il n’y a rien non plus sur les écoutes réalisées en 2015 et là on veut me laisser en prison pendant des années en attendant qu’on trouve d’éventuels témoins!»

Risque de récidive

L’avocat général est pourtant persuadé qu’il assurait le ravitaillement de toute l’île de Mayotte. «Six kilos pour les uns, dix pour les autres. C’est énorme! On est bien au-delà de la consommation personnelle». Pour le magistrat, des investigations restent à réaliser et le risque de récidive est important, justifiant le maintien en détention provisoire.

La chambre de l’instruction l’a suivi en maintenant le trafiquant présumé à Majicavo. Rien n’indiquait hier que celui-ci soit lié à cet autre trafic de «chimique» mis à jour en février dernier à Mayotte, et à la tête duquel se trouve une Portugaise qui faisait partie de ses complices en 2014.

RR, le JDM
avec le JIR.

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