12 étudiants s’apprêtent à intégrer en février un cursus inédit dans notre département : le diplôme universitaire (DU) des arts du spectacle vivant. Une initiative ambitieuse qui fait suite aux actions passées du pôle culture du CUFR.
« C’est une formation qui part d’un constat qui a été fait fait suite à l’école nomade du théâtre du Soleil qui est un stage de la compagnie d’Ariane Mnouchkine proposé au CUFR en juillet 2019 à une centaine de jeunes de Mayotte » relate Jean-Louis Rose, directeur du pôle culture du centre universitaire de Mayotte. » A l’issue de ce grand stage de théâtre, les stagiaires sont revenus vers nous pour nous demander ‘maintenant qu’est ce qu’on fait’? On avait deux possibilités, organiser un deuxième stage, ou sauter un pas qui pourrait passer par une formation aux métiers du spectacle vivant ».
C’est l’option qui a été retenue. « Dès 2019 on a commencé à réfléchir de manière collégiale entre le CUFR et les comédiens ayant participé à l’école nomade pour aboutir à cette formation. On a finalement mis trois ans, car la crise Covid a retardé ce DU qui aurait dû voir le jour en septembre 2020 » poursuit le responsable.
Toutefois cette formation nouvelle n’est pas un trait tiré sur les partenariats noués ces dernières années, notamment avec l’école nomade. Au contraire puisque le DU est pensé sous forme de modules, en partie au CUFR, et en partie en immersion auprès des partenaires du pôle culturel. « Pour qu’elle ait un certain rayonnement, et qu’elle serve aux jeunes qui veulent travailler dans le spectacle vivant, cette formation sera parrainée par le théâtre du soleil, on a aussi conclu un partenariat avec l’académie de l’Union qui est une école supérieure d’arts dramatiques située à Limoges, qui a le souci de permettre aux jeunes des Outre mer de se former au métier de comédien ».
Grâce à ces partenariats, les 12 étudiants vont pouvoir partir en stage en métropole dans ces structures réputées. Et ce, sans débourser un centime, puisque la DRAC (affaires culturelles) et la Drajes (jeunesse et sports) financent intégralement cette formation estimée à quelque 9000€ par étudiant.
Et si l’Etat met la main à la poche, c’est que cette formation répond à des besoins réels de l’île en professionnels de la scène.
« Cela répond à un souci très concret » poursuit Jean-Louis Rose. En effet « le rectorat déplore le manque d’intervenants dans les établissements car on manque d’artistes sur le territoire, même à l’université et dans les structures culturelles on manque d’intervenants » explique-t-il.
Le DU répond donc à une attente de l’Etat, mais aussi à celle de jeunes artistes, en mal de formation qualifiante sur le territoire. Un étudiant en géographie, repéré par la compagnie d’Ariane Mnouchkine, a pu rejoindre le théâtre sur Soleil, mais « ans formation artistique autre que son talent naturel, il a dû beaucoup travailler. On mettant en place ce DU, on a pensé à lui, à ce qui lui aurait permis d’avoir moins de difficulté en arrivant de Mayotte » relate le directeur du pôle culturel.
D’autres enfin sont à cheval entre les deux objectifs. C’est le cas notamment de Nykaya Anffan, étudiante en 3e année de licence pluridisciplinaire. Pratiquant le théâtre depuis l’enfance, elle se destine à l’enseignement, et ce DU lui servira autant à titre privé que professionnel.
« Je me suis inscrite pour avoir plus de culture théâtrale » indique l’étudiante. « En effet, je fais du théâtre, j’en ai toujours fait depuis mon adolescence, comme je souhaite devenir professeur des écoles je pense que ça va énormément me servir, c’est une des raisons pour lesquelles je me suis inscrite, les formations nous permettent notamment d’animer des ateliers » explique-t-elle.
« Le débouché aussi, c’est la création de projets artistiques » rebondit le directeur, « sur place par exemple on n’a pas de régisseur, je ne vois que 2 ou 3 personnes capables d’installer correctement de l’éclairage, du son etc. Le DU ne va pas répondre à l’ensemble des besoins, mais c’est un premier pas ».
Dès février donc, la douzaine d’étudiants retenus intégreront cette formation entre passion et objectif professionnel. A l’issue des deux prochaines années, le CUFR dressera une évaluation du cursus, pour décider ou non de le reconduire, et pourquoi pas d’évoluer vers une véritable licence dédiée aux arts vivants.
« C’est vraiment une volonté, conclut Jean-Louis Rose. « En avançant prudemment, on veut à terme répondre aux besoins du territoire en matière de spectacle vivant où il y a un vide en matière de formation ».
Y.D.