Handicap et autonomie une journée pour sensibiliser et échanger

Ce mercredi, le CCAS a réuni professionnels et familles pour une matinée rythmée par des échanges, des activités sportives et la découverte du quotidien des personnes avec mobilité réduite.

La Journée internationale des personnes en situation de handicap à Mayotte n’a pas juste rempli un calendrier, elle a mis des visages et des voix en lumière. La matinée a commencé avec trois femmes qui ont pris la parole  pour raconter leur vécu et sensibiliser.

Khalatoumi, Mélina Farsi et Mouna Saindou Djaha lors de leurs témoignages.

Mouna Saindou Djaha, a été la première à témoigner, non-voyante, suite à un accident puis une maladie qui lui a fait perdre la vue à l’âge d’onze ans, a affirmé ne pas avoir honte de son handicap. « Je suis fière d’être là aujourd’hui, de montrer qu’on peut avancer malgré tout, malgré mon handicap j’ai étudié et je suis diplômée. J’espère un jour pouvoir travailler comme tout le monde », a-t-elle partagé au public.

Khalatoumi, elle, refuse de minimiser ce qu’elle vit depuis toujours. Elle a rappelé calmement : « Rester à la maison, c’est pas une vie, on doit se battre et ne pas avoir honte de notre handicap ». Cette année la Mahoraise a décroché son premier emploi, à l’état civil de la marie de Mamoudzou, elle a également insisté sur un point qu’elle juge urgent : des ascenseurs, des rampes, des infrastructures adaptées, mais aussi des employeurs qui acceptent d’ouvrir leurs portes aux personnes en situation de handicap.

Des stands pour informer et accompagner

Après ces paroles encourageantes, la rencontre a laissé place aux espaces d’informations animés par des structures bien installées dans l’accompagnement tels que la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), Mlezi, le CHM, etc. Le CCAS, organisateur, y a présenté son nouveau service de télé assistance, un médaillon ou bracelet qui permettra d’alerter en cas de chute ou d’incident à la maison le SAMU ou un proche. Une technologie simple, mais vitale surtout pour continuer à accompagner les personnes isolées même à distance. Après la présentation de ce service, un point est revenu régulièrement auprès des partenaires : l’importance de l’accompagnement et de la sensibilisation. C’est exactement ce qu’a rappelé Kassandrah Chanfi, porte parole de Mlézi : « On est là avec les partenaires pour rencontrer les personnes, et nos bénéficiaires participent aussi aux activités pour créer du lien et mieux comprendre le handicap ».

Présentation des prothèses par l’ergothérapeute.

Dans ce même esprit, les structures ont présenté les droits et les accompagnements disponibles. À quelques pas, le stand du CHM a beaucoup attiré les regards avec ses prothèses et attelles fabriquées au service d’appareillage de l’hôpital, des matériels fait à partir d’un moulage sur mesure. « Nous sommes le seul service sur l’île qui accueille les personnes avec tous types de handicaps, que ce soit un handicap acquis ou un handicap inné, on s’occupe de la rééducation et aussi de réadaptation », a expliqué Oumeyra Madi, ergothérapeute au service rééducation.

Au-delà des difficultés physiques, d’autres formes de particularités moins visibles méritent toute l’attention. La plateforme autisme TND a ainsi mis en avant les troubles du neurodéveloppement, de l’autisme et les TDAH (Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). « Enormément de parents préfèrent fermer les yeux par peur, alors qu’un diagnostic ce n’est pas une fatalité mais une étape pour mieux accompagner l’enfant », a insisté la chef de service de la plateforme. Le GEM Ouvoimoja wa Autisme, a lui aussi souligné une réalité souvent oubliée : « 80 % des handicaps sont invisibles ». À Mayotte, malgré les idées reçues, des actions sont menées : associations et bénévoles oeuvrent chaque jour pour soutenir toutes ces personnes.

Des activités pour comprendre et inclure

Expositions de vêtements cousus par des membres de l’association Gem

Les activités physiques étaient également bien en place lors de cette matinée, au programme : sarbacane, relais, foot ou encore basket fauteuil. Un atelier qui a réuni différentes personnes y compris ceux qui n’ont pas de cécité, pour leur permettre de comprendre les contraintes vécues au quotidien par les personnes en situation de handicap.

C’est dans cette ambiance que le maire, Ambdilwahedou Soumaïla, a fait le tour pour échanger avec les participants. Il avoué que ce public est trop souvent oublié. « On doit leur montrer qu’ils font partie de la communauté au même titre que les autres ». Dans la continuité de ces échanges, il a reconnu le fait que beaucoup d’infrastructures ne sont pas adaptées, et dit vouloir profiter des travaux post-Chido pour corriger cela. « À la mairie, un ascenseur va enfin être installé pour que les personnes en situation de handicap, mais aussi nos anciens, puissent accéder à tous les étages », a déclaré l’élu. Le public quant à lui a été ravi de cette événement, pour plusieurs d’entre eux cette rencontre a permis de voir qu’ils n’étaient pas seuls dans cette situation. « J’ai pu rencontrer des gens comme moi, voir que je n’étais pas seule au monde à subir », a partagé l’une des participantes.

Le rendez-vous s’est achevé sur une note musicale avec un fitness géant qui a permis de rassemblé élèves, accompagnateurs, associations ainsi que les personnes à mobilité réduite.

Shanyce MATHIAS ALI.

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