Le Comité de suivi Interreg, appelé (CSI), est un moment clé de la programmation : c’est là que les partenaires valident l’avancement des projets, ajustent les priorités et prennent les décisions techniques ou financières nécessaires pour que les financements européens soient réellement utilisés sur le terrain. La quatrième rencontre s’est ouverte cette semaine au Conseil départemental de Mayotte, en rassemblant les délégations de Madagascar, du Mozambique, des Seychelles encore en phase d’intégration, ainsi que la Commission européenne et plusieurs acteurs locaux. Ce rendez-vous a permis de dérouler un bilan de mi-parcours plutôt dense, avec des projets qui avancent et des ambitions régionales qui commencent à prendre forme.
Un point d’étape sur l’avancement des projets

Dès l’ouverture de la conférence de presse, Zamimou Ahamadi, la cinquième vice-présidente du Département en charge des finances et des Affaires européennes, a rappelé l’enjeu qui était de présenter le travail déjà fait. « Trois appels à projets ont été lancés, neuf conventions sont signées et environ 43 % des 10,22 millions d’euros du programme sont déjà programmés », a-t-elle expliqué. Un nouvel appel à projets est d’ailleurs en cours, tandis qu’un autre sera lancé en janvier, avec l’espoir de consommer rapidement l’enveloppe.
Les thématiques concernées sont larges : l’innovation et la recherche pour soutenir la compétitivité des petites et moyennes entreprises ; l’environnement et la prévention des risques liés au changement climatique ; l’économie circulaire ; mais aussi l’inclusion sociale à travers l’éducation et la formation. Selon la vice-présidente plusieurs porteurs ont présenté leurs avancées : l’Adim avec son projet autour du forum économique régional, ou encore le Carif-Oref sur la formation professionnelle. Le lycée agricole de Coconi fait aussi partie des projets conventionnés, en partenariat avec Madagascar et le Mozambique.
Pour l’instant, la santé n’en fait pas encore partie. Aina Salim, directrice des Affaires européennes, a précisé que jusqu’alors aucun projet n’avait été développé dans ce domaine. Elle a souligné qu’ « Un appel à projets est actuellement ouvert jusqu’au 15 décembre pour tout ce qui concerne la santé ainsi que le volet climatique ». Quant à l’économie, il faudra attendre jusqu’en 2026, pour le lancement. Pour ce qui est de l’initiative Carif-Oref, déjà programmée, elle a rappelé qu’il s’agissait d’un projet de trois ans, sous la responsabilité directe des porteurs de projet, et intégré dans la programmation jusqu’en 2027 pour garantir la consommation du budget.
Des coopérations qui s’élargissent et des ambitions régionales

Interrogée sur la suite, Zamimou Ahamadi se montre optimiste. D’après elle, l’intégration des Seychelles devrait faciliter l’utilisation des fonds et ouvrir de nouvelles pistes de coopération. D’autres pays pourraient suivre d’ici la fin de la programmation, comme le Kenya ou Djibouti, déjà en contact avec le territoire. Du côté de la Commission européenne, Pierre-Emmanuel Leclerc, Chef d’équipe à la Direction générale de la politique régionale et urbaine, a salué l’engouement local. « Il n’y a pas un nombre infini de porteurs de projets, surtout sur une petite île, donc c’est important d’accompagner les porteurs pour qu’ils puissent rentrer dans le cadre Interreg, qui n’est pas toujours simple ». Il a même évoqué l’idée d’un Erasmus régional pour favoriser les échanges entre jeunes de la zone.

Les pays partenaires ont aussi partagé leurs priorités. Le Mozambique, par la voix de son conseiller des Affaires étrangères, Fernando Juliao, a mis en avant des projets en agriculture, en transport, ainsi que des discussions sur de potentielles liaisons aériennes et maritimes. Les Seychelles, quant à elles, représentées par Ralph Agrippine, ont insisté sur des domaines où des coopérations concrètes pourraient naître notamment dans l’environnement marin, grâce à leur expertise sur la restauration des coraux, mais aussi dans le tourisme culturel, un axe que le pays a souhaité renforcer. « Nous avons une ONG qui est championne du monde pour avoir développer une technologie permettant de faire repousser les coraux. C’est exactement le type de savoir-faire que nous pourrions partager avec Mayotte, surtout après le passage du cyclone », a indiqué le Conseiller principal auprès de la Ministre des Affaires étrangères des Seychelles.
Shanyce MATHIAS ALI.


