
Dès sept heures du matin sous le soleil, ils étaient déjà répartis autour de l’aéroport, concentrés sur leur tâche. Tenue camouflage, bottes et chapeaux vissés sur la tête, les stagiaires du RSMA enchaînaient le ramassage. Certains au râteau, d’autres à la pelle ou simplement à la main, chacun remplissant les sacs qui finissaient dans le camion de maintenance d’Edeis. Tôles, pneus, ferraille, branches, bouteilles ou mégots tout y passait.
Une intervention après le passage du cyclone
Pour cette journée, le Régiment du service militaire adapté a mobilisé un détachement de la deuxième compagnie de formation professionnelle. « Aujourd’hui on est venu intervenir à l’aéroport pour le nettoyage, surtout ramasser tout ce qui reste comme déchets après le passage du cyclone Chido », explique le caporal-chef Nemati Chebani, formatrice en Agent de propreté et d’hygiène. Avec six de ses stagiaires, ils ont déjà couvert plusieurs zones depuis le début des travaux. « On a ramassé les gros déchets, les tôles, tout ce qui a volé et atterri autour de l’aéroport. Nous allons faire l’autre côté de la grille et puis si on finit tôt, on ira aussi côté pistes ».

Du côté d’Edeis, cette intervention était devenue indispensable. « Nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de déchets, comme tout le monde sur l’île, sauf qu’ici ça a vraiment créé une sorte de déchetterie improvisée », raconte Manuel Drouin, responsable sécurité environnement. « Nous avons réussi à évacuer un gros volume récemment grâce à l’intervention de la Sidevam, mais il restait tout ce qui s’était envolé ou éparpillé après la collecte. Le RSMA est donc là pour nous aider à finaliser le nettoyage ».
Au-delà du cadre environnemental, l’enjeu est aussi sécuritaire, comme l’explique le responsable sécurité environnement de l’aéroport. Les déchets laissés autour des pistes peuvent se retrouver projetés vers les avions, notamment dans les réacteurs, ce qui représente un risque réel lors des décollages. Pour lui, ce nettoyage est donc à la fois une question de propreté et une mesure essentielle pour la sécurité des passagers.
Un chantier formateur pour les jeunes

Pour beaucoup de stagiaires, cette sortie est une première. Anliati Ali, 19 ans, au RSMA depuis quatre mois se dit contente d’être là. « C’est la première fois que je fais une mission comme ça, mais je suis contente car j’aide mon île », partage la stagiaire. En plus des détritus laissés par la tempête, les apprentis ont découvert que les abords du site étaient également jonchés d’ordures laissées par les habitants. Elle détaille ce qu’ils ont trouvé avec ses camarades au fil de la matinée : « pas que les déchets du cyclone, il y avait de tout : des bouteilles, des canettes, des vêtements, des tôles, même des couches pour bébé utilisées et énormément de mégots de cigarettes ».
Anliati Ali a aussi tenu à alerter la population par rapport aux détritus domestiques, en expliquant que nous méritons tous de vivre sur un territoire propre, c’est important pour l’hygiène, notre santé ainsi que l’environnement. D’autant plus que la plupart de ces trouvailles ne sont pas biodégradables : un mégot met entre un et cinq ans pour se décomposer, et pour les canettes ou les couches jetables, il faut compter entre 200 et 500 ans.

À la tête du groupe, l’adjudant Christopher et chef de section à la deuxième compagnie de formation professionnelle, voit dans cette sortie une étape importante dans leur apprentissage. « Notre venue aujourd’hui permet de travailler en collaboration avec Edeis. Pour les jeunes, c’est une première confrontation au terrain, ça leur donne des outils pour s’insérer plus facilement ensuite ».
Au-delà du nettoyage, un vrai parcours d’insertion
Le Régiment du service militaire adapté mise beaucoup sur la montée en compétence de ses stagiaires. « Ils commencent par deux mois de formation militaire, puis on les récupère en formation propreté. Après un mois de stage, ils passent à l’hygiène, dans les milieux hospitaliers ou les maisons de retraite. Ensuite ils font le CACES, l’électricité de base, la sécurité en hauteur », explique la Caporal Chef Nemati Chebani. En tant que formatrice, elle les accompagne jusqu’à ce qu’ils trouvent un contrat. « On les met en liaison avec les entreprises locales partenaires. Les jeunes viennent souvent parce qu’ils ne savent plus quoi faire de leur vie, et on est là pour les remettre sur les rails ».
Manuel Drouin confirme l’efficacité du dispositif et du partenariat. « Je ne connaissais pas le RSMA avant. Je suis agréablement surpris, il fait très chaud aujourd’hui, ce n’est pas agréable de ramasser des déchets en plein soleil, et pourtant ils ne rechignent pas, ils restent très professionnels », a exprimé avec un grand sourire le responsable sécurité environnement. D’après lui, la collaboration entre l’aéroport de Mayotte et le RSMA porte déjà ses fruits. « Nous avons même récemment embauché un de leurs jeunes, et on est très contents de son travail ».

Au total, les stagiaires avaient déjà nettoyé trois terrains autour du site, et acheminé cinq camionnettes remplies d’ordures au dépôt situé dans la partie maintenance de l’aéroport Marcel-Henry en début d’après-midi. Arrivés sur place les déchets sont séparés en deux : une pile pour les pneus et une autre pour les autres détritus comme les sacs poubelles, des branches, des tôles ou encore de la ferraille. Le nettoyage s’est poursuivi jusqu’aux alentours de 16 heures avant de tout remballer et rentrer à Combani.
Shanyce Mathias Ali


