Dès l’entrée, les visiteurs sont plongés dans l’univers aérien : annonces sonores comme dans un avion, moteurs exposés, simulateurs et élèves qui accueillent les groupes. L’ambiance est vivante, rythmée par les démonstrations et les allers-retours entre les ateliers. Ce samedi la Fête était ouverte au public. Celui-ci a pu plonger dans l’univers aérien à travers simulations, stands d’acteurs du secteur comme les pompiers ou encore les élèves en cursus de mécanique aéronautique, animations, vols en ULM et démonstrations.

Le temps fort de cet événement a été la conférence-débat sur le thème « Des vocations pour le ciel : former les jeunes aux métiers de l’aéronautique ». L’objectif était de permettre aux établissements scolaires, CFA, aux jeunes, aux parents et missions locales d’échanger sur les parcours accessibles, les besoins en compétences ainsi que les perspectives d’emploi sur le département.
Une immersion complète au cœur des formations aéronautiques
Le parcours débute avec deux élèves de première et terminale qui guident le public à travers l’outillage utilisé en mécanique pour déposer les ailes d’un avion. Juste à côté, dans la salle de lancement, une dizaine de visiteurs, entre élèves et parents, suivent Idrisse Toumbou, ancien mécanicien pour la compagnie Air Austral et aujourd’hui enseignant au pôle aéronautique de Pamandzi. Il explique comment se déroule la formation des futurs mécaniciens et insiste sur la rigueur indispensable dès le départ.
Selon lui, tout commence par la préparation en salle de cours : les élèves doivent savoir quel élément du moteur ils vont démonter, quel outillage utiliser et quelles consignes respecter. « On ne peut pas démonter ce qu’on veut, il y a des chartes, des cahiers de procédure à vérifier », explique le professeur en aéronautique, soulignant que la sécurité et la méthode sont au cœur de l’apprentissage. Le cursus s’étale sur trois ans, avec un stage local en seconde et des stages en France pour la première et la terminale, grâce à des partenariats avec Airbus, Air France et Air Austral. La sélection est exigeante : « Nous recevons environ 45 dossiers pour 17 places. On regarde les résultats, mais aussi la motivation, le comportement et l’assiduité ». Les tests pratiques permettent de jauger la manipulation des outils et la capacité à suivre les procédures, compétences indispensables pour un métier où l’erreur n’est pas permise.
Les débouchés vont de la maintenance avion et hélicoptère aux équipements spécifiques comme les moteurs ou les trains d’atterrissage. Après le bac pro, les élèves poursuivent avec une mention complémentaire en anglais, ce qui leur permet de travailler dans toute l’Europe. L’ancien mécanicien a aussi évoqué la réussite des anciens élèves puisque certains se sont orientés vers le personnel navigant et d’autres vers le pilotage. « Un de nos anciens élèves, est aujourd’hui chef de pôle à Toulouse, avec une quinzaine de salariés sous sa responsabilité à seulement 25 ans », a-t-il raconté avec fierté.
Pour Idrisse Toumbou, cette journée de découverte était aussi l’occasion de montrer concrètement le métier. Les visiteurs pouvaient toucher les outils, monter dans de petits avions et poser toutes leurs questions . « C’est une journée interactive, ils peuvent voir, toucher et comprendre l’aspect du métier de technicien aéronautique», a partagé l’enseignant. Le hangar, véritable salle de lancement, combine la théorie et la pratique, et de nouveaux avions et hélicoptères viendront bientôt compléter le matériel pédagogique.
Les élèves en première ligne pour transmettre leur passion

Autour des ateliers, les élèves prennent le relais et font découvrir leur passion. Ibrahim Omar explique avec aisance le fonctionnement d’un moteur : l’arrivée d’air, le mélange carburant et la chambre de combustion, qui permet la poussée. Il raconte également son propre parcours … refusé une première fois, il a retenté l’année suivante. « J’ai insisté. Quand on veut vraiment, on peut ! », lance-t-il simplement. Son objectif est de décrocher la licence et devenir mécanicien professionnel.
À côté, Oiziri Bibi Bathinaty attire beaucoup de regards et de questions. En classe de première, elle fait partie des très rares filles de la formation. Depuis toujours fascinée par la mécanique, elle s’intéressait d’abord aux fusées et à l’espace, puis son attention s’est portée sur les avions. « Je me suis dit que j’aimerais savoir à quoi ça ressemble l’intérieur. J’avais plein de questions parce que je ne suis jamais montée dans un avion, à part des petits tours en ULM pendant un stage en troisième », a-t-elle expliqué. Aujourd’hui, l’adolescente partage sa passion dans un cursus où elles ne sont que deux filles par classe, une situation qu’elle déplore . « C’est dommage qu’il n’y en ait pas plus, vraiment, la plupart préfèrent être hôtesse de l’air. Chacun ses goûts ».
Oiziri Bibi Bathinaty se prépare désormais à faire son premier stage en Hexagone, à Orléans plus précisément, où elle travaillera avec l’École de l’air sur de gros moteurs à turbine. La futur mécanicienne a avoué être un peu stressée mais surtout impatiente . « J’ai vraiment hâte. Depuis petite, je veux travailler dans ce métier. Là, je vais enfin voir comment ça se passe pour de vrai, apprendre plein de choses et monter dans un avion pour la première fois de ma vie ». Avant ce stage, elle se familiarise avec les outils et l’ambiance d’un garage pour se préparer au mieux. Son rêve est clair : devenir mécanicienne moteur, et plus particulièrement sur turbines. « Avec un peu d’entraînement, on va y arriver », dit-elle avec détermination.
Un secteur porteur d’opportunités pour le territoire

Tout au long de la Fête de l’aviation, le public était nombreux et varié. Parents, collégiens et simples curieux ont pu se plonger dans l’univers aéronautique à travers les ateliers et les démonstrations. Patrice Mugget, venu avec son fils Yanis, en troisième et passionné d’avion, résume bien l’esprit de la journée : « C’est une bonne initiative, ça permet aux jeunes de découvrir d’autres métiers que les métiers de base et je pense que ça va propulser l’île ». Son fils partage son enthousiasme : « J’ai trop aimé cette journée, j’ai appris plein de choses. Ça va me permettre de commencer mon parcours ici avant de partir ailleurs ». Des métiers très peu connus du grand public mais pourtant essentiels au fonctionnement d’un aéroport. « Beaucoup de gens ne connaissent pas tous ces métiers, pour eux travailler à l’aéroport c’est être pilote ou hôtesse de l’air », a expliqué le jeune homme. Inaya Madi, elle, souligne l’intérêt pour les familles . « J’ai pu échanger avec les professeurs sur les cursus et les débouchés pour mes enfants, et moi-même j’ai appris énormément sur les différents métiers de l’aéronautique ».
François Delvallé, professeur et référent aéronautique, a insisté sur l’importance de ces échanges . Il se déplace régulièrement d’établissement en établissement pour faire la promotion du pôle aéronautique et permettre aux élèves de découvrir le secteur avant de choisir leur parcours. Pour lui, l’aéronautique représente aussi un véritable enjeu pour le territoire : « Ça peut créer beaucoup d’opportunités locales, notamment si les projets d’infrastructures avancent. Mais il est important d’aller se former ailleurs pour revenir avec plus d’expérience ». Les stages en France, indispensables faute de structures locales suffisantes, sont un passage obligé . « Ce passage en métropole n’est pas un obstacle, au contraire. Ils reviennent avec une expérience énorme », a souligné le professeur.
Le pôle prépare déjà son prochain événement : une journée portes ouvertes prévu le 20 février 2026 et envisage de créer un site web ainsi qu’un salon de l’aéronautique pour informer et attirer encore plus de jeunes.
Shanyce MATHIAS ALI


