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Un agent du département de 39 ans assassiné à Tsingoni

Lundi soir vers 20h45, un électricien travaillant pour le conseil départemental a été assassiné d’un coup de couteau à l’abdomen à Tsingoni. Le meurtrier, un jeune homme de 21 ans, s’est rendu de lui-même à la gendarmerie, accompagné de sa famille, et a aussitôt été placé en garde à vue. Une enquête a été ouverte.

Un nouveau drame a secoué Mayotte lundi soir. Mohamadi Assinani, 39 ans, électricien au service entretien et maintenance du conseil départemental, a reçu un coup de couteau au niveau de l’abdomen, provoquant son décès à 22h19. Le meurtrier, un jeune homme de 21 ans, s’est rendu à la gendarmerie de Sada accompagné par sa famille à 23h10. Il a aussitôt été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte, confiée à la brigade de gendarmerie de Koungou. Une expertise psychiatrique de l’auteur du coup a également été requise.

Une affaire de squattage qui a mal tourné

L’enquête a été confiée à la gendarmerie de Koungou

De retour du barrage de Tsingoni ce lundi 12 février vers 20h30, Mohamed Assinani avait décidé de venir vérifier son terrain, régulièrement squatté par un groupe de jeunes qui, d’après les riverains, « y fumaient du bangué (NDLR : du cannabis) et se soulaient ». Il y a bien trouvé 2 jeunes, le prévenu et un autre, en train « d’éplucher des pommes ». Agacé par ce squattage constant de son terrain, pourtant clôturé, et lassé de répéter régulièrement aux jeunes de ne pas « traîner » là, Mohamed Assinani leur a martelé encore de quitter les lieux. Les deux jeunes hommes n’ont pas bougé jusqu’à ce que l’un d’eux lui assène un coup de couteau au niveau de l’abdomen avec l’instrument qui lui avait servi à éplucher ses pommes. D’après des témoins, le prévenu serait ensuite  « parti « tranquillement » jusqu’à ce que les villageois se rendent compte du drame et appellent les secours ainsi que la gendarmerie. Le meurtrier se serait ensuite enfui en courant pour aller se réfugier chez sa mère qui habite également Tsingoni.

Le procureur indique dans le communiqué qu’il a adressé à la presse lundi 13 février en fin d’après-midi que « le prévenu s’est rendu à la gendarmerie de Sada accompagné de sa famille à 23h10 ». Mais le témoignage de certains riverains fait état d’une « course-poursuite » du prévenu jusqu’à la maison de sa mère où il s’était réfugié. Quoiqu’il en soit, il a été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte.

A Tsingoni, les villageois ne comptent pas en rester là

Originaire de Tsingoni, Abdou Badirou, le porte-parole des Forces Vives, a dissuadé pour le moment les habitants de son village d’aller « s’expliquer » avec la famille du prévenu

D’après les villageois de Tsingoni, l’auteur du coup de couteau mortel était déjà connu de la gendarmerie et avait déjà menacé de mort la victime, qui n’avait pas pris ces menaces au sérieux. Le lendemain du drame, une délégation de villageois s’apprêtait à aller « demander des comptes » à la famille du prévenu, mais elle en a été empêchée par quelques personnes plus sages du village qui ne voulaient pas « qu’il y ait un mort en plus ». Il se trouve que Badirou Abdou, le porte-parole des Forces Vives, originaire de Tsingoni, a été justement l’un de ces « sages ». « Je ne voulais pas que les villageois réagissent sous le coup de la colère, ce qui aurait conduit à un autre drame. Mais les habitants de Tsingoni veulent réagir. Ils vont cependant laisser la justice faire son travail comme il se doit », a-t-il déclaré. Quelle sera donc la nature de « cette réaction » ? A l’heure où nous écrivons ces lignes (18h25) nous l’ignorons encore car les villageois sont justement en pleine réunion pour déterminer de quelle manière ils vont exprimer leur colère et leur émotion face à ce drame.

Le procureur a souhaité préciser dans son communiqué que « l’auteur du coup de couteau comme la victime sont tous deux de nationalité française », sans doute afin de tuer dans l’œuf toute velléité de « conflit ethnique ». Etant donné que les villageois indiquent que le prévenu est né d’un père mahorais, originaire de Tsingoni, et d’une mère anjouanaise, doit-on craindre pour autant un déferlement de haine raciale ? Espérons que les sages du village continueront à apaiser la situation

Nora Godeau

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