Pour la quatrième randonnée d’Uzuri Wa Mwendro, ce samedi 11 octobre, l’Office de tourisme du Centre-Ouest, organisateur de l’évènement, avait donné rendez-vous aux marcheurs à Sada. Accueillis dès les premières heures autour d’un café, d’un verre d’eau et de quelques douceurs, les participants ont pris le départ vers 8 h, sous un soleil déjà bien présent.
Du centre historique au sentier des crètes

La randonnée de 9 kilomètres a débuté par une découverte du centre historique de Sada et de ses deux mosquées, témoins d’un riche passé spirituel et politique. L’une d’elles, la mosquée du Vendredi, est notamment connue pour avoir accueilli, le 3 août 1967, le Serment de Sada. Ce jour-là, quatre figures politiques majeures : Younoussa Bamana, Marcel Henry, Abdallah Houmadi et Zoubert Adinani, avaient juré sur le Coran de défendre l’appartenance de Mayotte à la France, un engagement fondateur dans l’histoire contemporaine de l’île.
Le parcours s’est ensuite poursuivi par un arrêt à la Maison de l’artisanat, où les marcheurs ont pu découvrir le savoir-faire local. C’est là que sont confectionnés les célèbres chapeaux de paille de Sada, mais aussi des paniers, des nattes et des tentures, véritables témoins d’un artisanat transmis de génération en génération.
Mais très vite, la randonnée a changé de rythme. Aux premières marches entre les maisons colorées du centre, la promenade s’est muée en ascension. La contemplation a alors laissé place à la concentration : il fallait désormais gravir la ville. Peu à peu, les habitations ont disparu, remplacés par la forêt. Le ciel, devenu gris, ajoutait à l’atmosphère une touche de fraîcheur et de mystère.

Une halte s’est imposée au détour d’un belvédère naturel. De là, les randonneurs ont pu admirer le lagon et ses dégradés de bleu, l’îlot de Sada émergeant à mesure que la marée descend, mais aussi le Mont Choungui dominant l’horizon, et plus au loin, le nord de Grande-Terre. Pendant près d’une heure, la route des crêtes a offert un panorama exceptionnel, suscitant émerveillement et silence.
Les sentiers, étroits et parfois escarpés, ont mis les jambes à l’épreuve, exigeant vigilance à chaque pas. Puis, au détour d’un virage, la silhouette familière d’un faré s’est dessinée entre les arbres. Signe que le sommet était enfin atteint, et que la descente pouvait commencer.

Celle-ci, parfois raide, serpentait entre forêts et zones agricoles. Les participants ont aperçu quelques plantations d’ylang et les vestiges d’un ancien alambic, témoins d’une production de parfum aujourd’hui délaissée. Plus bas, des zones incendiées rappelaient les effets des brûlis sur une végétation déjà fragilisée par le cyclone Chido.
Après plus d’une demi-heure de descente, l’apparition du lycée de Sada a marqué le retour à la ville. En longeant la baie de Chiconi, les randonneurs ont regagné le centre, où les attendaient un ravitaillement bienvenu, des stands de sensibilisation à l’environnement et plusieurs exposants locaux.
Pour les plus motivés, l’aventure s’est prolongée jusqu’à l’îlot de Sada, accessible à marée basse, ultime étape d’une journée placée sous le signe de la découverte et du partage.
« Découvrir la beauté d’un autre village que le mien »

« J’ai beaucoup aimé cette randonnée. Elle m’a permis de découvrir la beauté d’un autre village que le mien, une chose que je n’ai pas souvent l’occasion de faire », confie Ibrahim, 23 ans. « C’était agréable de partager ce périple avec d’autres personnes ». Le jeune homme a particulièrement apprécié la marche jusqu’à l’îlot de Sada, où il a pu observer étoiles de mer et poulpes, très prisés des pêcheurs.
« Chacun marche à sa propre cadence, sans pression, et les paysages sont toujours différents », remarque Océane, 25 ans, qui collectionne les tee-shirts de chaque édition. « En plus tout le monde se retrouve ensemble, Mahorais, métropolitains, petits et grands, j’adore ces moments ».
Et pour toucher le plus de monde possible, l’Office de Tourisme a mis en place cette année un partenariat avec le Club de Sport Adapté de Mayotte, afin d’intégrer des personnes en situation de handicap, que ce soit lors des marches ou des activités du dimanche. « C’est génial, les parcours sont adaptés, les enfants qu’on accompagne viennent même avec leurs parents et ils profitent à leur propre rythme », se réjouit Abdoul Oihsbi Mihidjay, coordinateur de projet au CSAM.

À chaque rendez-vous, entre 10 et 20 jeunes ont participé, et tous ont déjà en tête de prendre part à la dernière marche à Ouangani, le 18 octobre prochain.
« Cette année, les gens attendaient vraiment l’événement. Lors la première marche à Tsingoni, ils étaient déjà plus de 150 à participer, une mobilisation qui a perduré », souligne Zirari Souffou, animateur à l’office de tourisme, qui remercie tous les partenaires, notamment le Jardin de M’Tsangamouji, Chovrot Sports, Maoré Rando, et la Communauté de Communes du Centre-Ouest, qui a contribué au débroussaillage des chemins, mais aussi les polices municipales, garantes de la sécurité des participants.
« Après Chido, nous voulions donner aux habitants de Mayotte le moyen de redécouvrir ou de découvrir le territoire de nos municipalités. On constate que la nature a déjà bien repris, on se rend compte de son importance et qu’il faut en prendre soin », explique Djaizati Ayouba, responsable communication de l’Office de tourisme.

« L’idée est qu’à terme, la population devienne ambassadrice du territoire, en parle et en prenne soin, pour que Mayotte reste une belle destination ».
Le week-end prochain, les 18 et 19 octobre, la randonnée découverte de Ouangani et la journée de clôture au Pôle d’Excellence Rurale (PER) viendront mettre un terme à la 7ᵉ édition d’Uzuri Wa Mwendro, qui s’avère déjà être un succès, avec une participation importante et des retours positifs des randonneurs.
Victor Diwisch