D’ici vendredi soir devrait avoir lieu la nomination d’un sixième Premier ministre en cinq ans. La mission de consultation confiée par Emmanuel Macron à Sébastien Lecornu s’est achevée mercredi soir sans qu’une solution claire n’émerge, même si l’hypothèse d’une dissolution immédiate de l’Assemblée nationale semble, pour l’instant, écartée. « La situation permet au Président de nommer un Premier ministre dans les 48 prochaines heures », a indiqué Sébastien Lecornu hier soir dans le 20 heures de France 2, insistant sur l’urgence de déposer un projet de loi de finances au Parlement dès lundi prochain.
Cette échéance est d’autant plus cruciale que le pays traverse une crise politique profonde et durable depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, à la suite des élections européennes. Depuis lors, Emmanuel Macron fait face à une Assemblée fragmentée, avec une opposition radicalisée, une majorité présidentielle affaiblie et une gouvernance marquée par les divisions internes, notamment sur la réforme des retraites.
Les appels à une cohabitation, jusque-là marginaux, se font de plus en plus insistants, notamment du côté de la gauche, tandis que certains alliés du président restent sceptiques quant à la stratégie gouvernementale. Dans ce contexte, plusieurs noms circulent pour Matignon… comme celui de Jean-Louis Borloo, souvent présenté comme une figure d’apaisement.
Les élus locaux appellent au compromis face à une impasse nationale
Alors que le calendrier politique se resserre, les élus des Intercommunalités de France, réunis en assemblée générale à Toulouse, ont lancé un appel solennel à la responsabilité et au dialogue. Dans une motion adoptée à l’unanimité, ils dénoncent « l’incapacité des forces politiques à s’accorder sur un projet de gouvernement », mettant en garde contre les conséquences de cette paralysie pour les Français.
« Dans nos territoires, les élus intercommunaux font travailler ensemble des maires de toutes tendances politiques », souligne le communiqué, rappelant que « ces consensus dépassent les clivages politiques parce que nous sommes en première ligne face aux attentes de nos concitoyens ».
Ce message se veut une mise en garde : si la classe politique nationale ne parvient pas à dépasser ses divisions, c’est tout le pays qui risque d’être fragilisé. Les élus locaux, eux, appellent à retrouver « l’esprit de dialogue » propre aux mandats de terrain. Elisabeth Borne, ancienne Première ministre, insiste également sur la nécessité d’un compromis large, englobant la droite républicaine comme la gauche sociale, pour « permettre à la France d’avancer ».
Vers un tournant politique imminent ?
Le suspense reste entier sur l’identité du futur Premier ministre. Emmanuel Macron va devoir arbitrer. Le président, qui assistera ce jeudi soir à la cérémonie d’entrée au Panthéon de Robert Badinter, doit s’exprimer ce vendredi 10 octobre, jour limite pour désigner son nouveau chef du Gouvernement.
Ce choix intervient dans un contexte où la question de la réforme des retraites demeure un épineux point de blocage, avec une droite ferme sur son opposition à toute suspension et une gauche réclamant un retour en arrière.
La crise politique, qui dure depuis près de 16 mois, met à rude épreuve le leadership d’Emmanuel Macron. La balle est désormais dans son camp pour démontrer qu’il peut encore rassembler et diriger.
Mathilde Hangard