Le premier Mahorais ministre fait ses adieux à la Francophonie

Treize mois après son entrée au Quai d’Orsay, Thani Mohamed-Soilihi, ancien ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, quitte le Gouvernement. Non reconduit dans la nouvelle équipe de Sébastien Lecornu, le premier Mahorais à avoir intégré un gouvernement français dresse un bilan marqué par la Francophonie, l’Afrique et les Outre-mer.

Avec la reconduction de Sébastien Lecornu à la tête du Gouvernement, Emmanuel Macron a choisi de stabiliser l’exécutif après quelques jours de turbulences politiques. Dans cette nouvelle équipe, Thani Mohamed-Soilihi n’a pas été reconduit à son poste de ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux. L’ancien ministre a officialisé son départ dans un message publié sur LinkedIn, où il remercie Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrot « pour la confiance accordée ces derniers mois », ainsi que ses équipes et l’ensemble des opérateurs pour leur travail. Il y souligne également les treize mois passés au ministère comme une période « au service du rôle de la France sur la scène internationale ».

Le bilan d’un ministre délégué engagé

Pendant plus d’un an, Thani Mohamed-Soilihi a porté plusieurs dossiers majeurs au service de la diplomatie française et de la francophonie. Il a notamment travaillé au rapprochement de la France avec ses partenaires africains, rencontrant plusieurs dirigeants pour renforcer la coopération fondée sur la réciprocité et le respect mutuel, citant notamment le Sénégal, le Cameroun, l’Afrique du Sud, le Kenya, Maurice, Madagascar, les Seychelles et tant d’autres. Dans le domaine de la Francophonie, il a supervisé la présidence française de l’Organisation internationale de la Francophonie, contribuant au déploiement de ses livrables et à la progression de la francophonie économique, avec des initiatives comme le salon FrancoTech.

Thani Mohamed-Soilihi a mis en avant la mobilisation de la France dans la lutte contre la malnutrition mondiale, la santé publique et les défis environnementaux

Il a également œuvré pourl’intégration régionale des Outre-mer, soulignant la première visite d’un ministre étranger sur le sol mahorais avec la délégation kényane, ainsi que les réunions de coordination avec les territoires du Pacifique et l’adhésion de la Martinique à la CARICOM. Sur les questions de développement et d’enjeux globaux, Thani Mohamed-Soilihi a mis en avant la mobilisation de la France dans la lutte contre la malnutrition mondiale, la santé publique et les défis environnementaux. Il a présidé le premier forum mondial des îles, une enceinte de dialogue pour les territoires menacés par la montée des eaux, et participé à la signature du traité « Pandémies » à Genève ainsi qu’à la « COP16 Désertification » à Riyad.

Enfin, il a défendu une vision politique de développement innovante, visant à améliorer l’impact de l’aide publique, à trouver de nouveaux financements et à agir collectivement avec les partenaires européens face aux crises climatiques, sanitaires et migratoires.

Un symbole pour Mayotte et les Outre-mer

Originaire de Sada, il est entré dans l’histoire de la politique française en septembre 2024 en devenant le premier Mahorais à intégrer un gouvernement national. Cet avocat de formation a débuté sa carrière politique en tant que conseiller municipal d’opposition à Sada de 2001 à 2008. Élu sénateur de Mayotte en 2011, il est devenu vice-président du Sénat en 2017, marquant une étape significative dans sa carrière politique. Sa nomination au poste de ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux dans le gouvernement de Michel Barnier a été perçue comme un symbole fort pour le 101ème département et les Outre-mer. Cette nomination a également souligné l’importance de la diversité et de l’inclusion dans la composition du gouvernement français.

Beaucoup de Mahorais ont vu en lui un symbole de représentation et d’engagement pour les territoires ultramarins

Au-delà de sa fonction ministérielle, Thani Mohamed-Soilihi a incarné un modèle de réussite pour les jeunes Mahorais, illustrant que l’engagement politique et la représentation nationale sont accessibles à ceux issus des territoires ultramarins. Son parcours a inspiré de nombreuses initiatives visant à encourager la participation citoyenne et politique à Mayotte et dans les autres départements d’Outre-mer. Son parcours et sa nomination historique ont également suscité de la fierté parmi la population locale, qui voit en lui un symbole de représentation et d’engagement pour les territoires ultramarins. Sur les réseaux sociaux et dans la vie locale, de nombreux habitants ont salué son parcours et sa représentation historique. Sur le terrain, quelques habitants interrogés ont exprimé leur admiration : « C’est une vraie fierté de voir un Mahorais au Gouvernement, ça montre que nos voix comptent. Et c’est dommage qu’il n’a pas été reconduit », confie un commerçant de Pamandzi. « Il aurait dû être réélu pour pouvoir finir ce qu’il avait entamé. Mais malgré le fait qu’il ne l’ai pas été nous la population, nous sommes fières de lui et on sera toujours derrière lui pour le soutenir », partage Rhamatou Ali, habitante de la commune de Labattoir.

Continuer à porter la voix des territoires ultramarins

Après treize mois passés au Gouvernement, Thani Mohamed-Soilihi retrouve son siège au Sénat, où il avait été élu pour représenter Mayotte. Dans son message de départ, il affirme son intention de « poursuivre en tant que sénateur et citoyen engagé » afin de défendre les intérêts et la voix des territoires ultramarins au niveau national. Malgré son retrait du Gouvernement, l’ancien ministre reste actif sur les questions de Francophonie, de développement et de coopération internationale, ainsi que sur les dossiers qui concernent directement les Outre-mer.

Shanyce Mathias Ali

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