Cyclone Garance : Manuel Valls sur le terrain à La Réunion, entre solidarité et relance économique 

Lors de sa deuxième journée de visite officielle à La Réunion, Manuel Valls a réaffirmé l'engagement de l'État à soutenir la reconstruction de l'île, avec des mesures d'urgence et un plan de relance économique.

À La Réunion, le programme de la deuxième journée du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, était particulièrement dense, vendredi 7 mars. Après avoir évalué les premiers dégâts causés par le passage du cyclone Garance, survenu le 28 février dernier, le ministre d’Etat a poursuivi son déplacement à Hell-Bourg aux côtés des maraîchers durement frappés par le cyclone, puis à Saint-Paul où d’importants dégâts ont été constatés et au Port, pour rencontrer les acteurs économiques locaux.

Hell-Bourg : Un village sinistré mais solidaire 

Le ministre a commencé sa visite à Hell-Bourg, un village situé au cœur du cirque de Salazie. Ce pittoresque secteur de l’île a été particulièrement affecté par les pluies diluviennes qui ont accompagné le passage dévastateur du cyclone Garance. Ici, les habitants ont dû faire face à de fortes inondations, des glissements de terrain et des routes coupées par les arbres et les câbles électriques tombés. Sur place, le ministre a salué la mobilisation des habitants et des secours, tout en réaffirmant l’engagement de l’État : « L’urgence est de protéger les populations, de reloger ceux qui ont perdu leur maison et de remettre en état les infrastructures endommagées. »

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Les champs ont été ravagés par le cyclone (photographie/DR)

Lors de cette visite, le ministre a échangé avec plusieurs sinistrés. Une habitante, visiblement émue, raconte : « Nous avons vu l’eau monter très vite, en moins d’une heure, tout était sous l’eau. C’est un choc. Heureusement, nous avons pu nous mettre à l’abri, mais beaucoup de gens ont tout perdu. » La solidarité des voisins et l’effort collectif sont apparus comme des points d’ancrage essentiels pour faire face à cette épreuve. Mais l’urgence est de rétablir des conditions de vie décentes dans ces zones dévastées.

Face à ces témoignages poignants, Manuel Valls a rappelé l’importance de la solidarité mais aussi l’urgence de mettre en place des solutions durables pour rétablir des conditions de vie décentes. Il a exprimé la volonté de l’État de répondre rapidement aux besoins de la population. Le ministre a ensuite rencontré des agriculteurs durement affectés par les intempéries. Joe, un planteur de chouchous, a expliqué les pertes colossales subies dans sa production : « Tout est parti avec la pression du vent. On constate 100 % de perte, ça va être très compliqué pour nous de se relever. » Manuel Valls a annoncé une aide d’urgence pour les agriculteurs et les communes, précisant que l’État allait mettre 200 millions d’euros à disposition pour soutenir la relance économique. Le ministre a également promis des réformes dans le système d’indemnisation pour le rendre plus rapide et efficace. « Je reviendrai dans un mois pour constater l’avancée des travaux », a-t-il conclu, réaffirmant l’engagement de l’État à soutenir la reconstruction de l’île.

Saint-Paul : un quartier entier sous les eaux 

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Pendant le cyclone, trois personnes avaient été emportées par une coulée de boue dans les hauts de Saint-Paul, après avoir été retrouvées saines et sauves (photographie/DR)

En fin de matinée, le ministre a visité le quartier de la Grande Fontaine à Saint-Paul, lourdement touché par les crues de la ravine Bernica. Ce secteur vulnérable a subi des inondations massives et des destructions d’infrastructures, notamment un pont, avec des dégâts estimés à 10 millions d’euros. « Ce que je vois ici aujourd’hui est dramatique, et je peux comprendre la détresse des habitants. Mais l’État est là pour soutenir, reconstruire et préparer l’avenir« , a déclaré Manuel Valls aux sinistrés.

Le ministre des Outre-mer a insisté sur l’importance de l’anticipation des risques naturels : « Il y a eu cinq morts de trop et des blessés. Si le cyclone était passé la nuit, nous aurions plus de victimes à déplorer. » Il a également souligné la nécessité d’entretenir les ravines et les infrastructures pour prévenir de futurs incidents : « Si on n’est pas capable de revenir à ce qui se faisait il y a quelques années, il peut y avoir des phénomènes de bouchons. » Face à l’ampleur des dégâts, le ministre a annoncé un plan de reconstruction.

Beaucoup d’attentes à la table de la « relance économique » 

En début d’après-midi, Manuel Valls présidait une grande table ronde au siège de la Communauté d’agglomération du Territoire de la Côte Ouest (TCO), à Saint-Paul, où la salle était comble. Le ministre d’Etat a échangé avec une large assemblée d’acteurs politiques, d’élus, de représentants des banques, de la Caisse de sécurité sociale, des assureurs, ainsi que des acteurs du monde économique, tels que le Mouvement des entreprises de France (Medef), la Fédération réunionnaise du bâtiment, des travaux publics et du secteur touristique, autour des enjeux de la relance économique après le passage du cyclone.

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Malgré les annonces du ministre sur les perspectives en matière de relance, les acteurs économiques restent inquiets

Les acteurs économiques, comme le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion, Pierrick Robert, ont insisté sur la nécessité de simplifier les démarches administratives et d’étendre le chômage partiel au même niveau que lors de la crise du Covid. Ils ont également signalé de lourds dégâts, notamment dans le commerce et le BTP. Le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Patrick Serveaux, a souligné l’importance de restaurer l’image de La Réunion en tant que destination touristique et a exprimé son espoir concernant les 200 millions d’euros, qui bénéficieront également au secteur touristique. Manuel Valls a insisté sur la nécessité d’une vision à long terme pour la reconstruction, avec un plan de relance à venir en avril, portant sur le logement, l’habitat, et l’adaptation au réchauffement climatique. Il a également évoqué la participation de La Réunion dans la région océan Indien, avec un sommet à Madagascar fin avril. Toutefois, les professionnels restent inquiets, comme l’a exprimé Pierrick Robert : « Si l’État ne réagit pas avec des mesures fortes, nous allons vers des fermetures et des pertes d’emplois« .

Après Chido et Garance, le défi de la reconstruction de deux départements français 

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Le budget 2025 du ministère des Outre-mer a subi une réduction de 9%, équivalente à 250 millions d’euros, suscitant des inquiétudes quant au soutien des territoires touchés par des catastrophes naturelles

Le défi auquel le Gouvernement fait face est immense, avec deux départements français frappés par des catastrophes naturelles en moins de trois mois. Après les ravages du cyclone Chido à Mayotte en décembre 2024 et de Garance à La Réunion le 28 février dernier, cette succession de catastrophes naturelles impose une pression sans précédent sur les capacités de réponse de l’État. Manuel Valls a reconnu l’ampleur de cette situation : « C’est un travail colossal qui nous attend pour reconstruire deux départements, deux territoires français, frappés par des catastrophes naturelles successives. Nous sommes conscients de l’enjeu, et l’État mettra en place tous les moyens nécessaires pour venir en aide aux populations. » Le ministre a également insisté sur la nécessité de renforcer la résilience des territoires face aux risques climatiques.

Mathilde Hangard

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