« 2023 fût en effet une année charnière pour l’association. Pour la première fois depuis la fusion des associations mères, nous avons dû affronter une crise de financements d’envergure perturbant notre organisation. Nous avons donc pris des décisions majeures sur le maintien de certains dispositifs, tout en nous efforçant de perturber le moins possible la situation de nos bénéficiaires mais aussi de nos collègues. Nous déplorons cette année la fermeture ou la réduction d’activité de plusieurs services : l’ad hoc, la Prévention de la Récidive en Milieu Carcéral (PRMC), l’espace rencontre, la réduction de certaines activités de notre SIAE, et l’adaptation et diminution des activités de la Maison de Santé Mentale », annonce d’emblée Hugues Makengo, directeur général de l’association Mlezi Maore.
Une Année 2023 difficile
Les comptes de l’association demeurent largement dans le rouge et ce malgré l’aide apportée par la maison-mère le Groupe SOS. Ainsi en 2023, Mlezi Maore a dû licencier plusieurs personnes et fermer deux chantiers d’insertion. « Notre objectif a été de préserver l’emploi, toutefois nous avons dû procéder à des premiers licenciements. Plus d’une trentaine de personnes étaient concernées, nous avons réussi à en conserver plus d’une vingtaine. Ce sont ainsi mois de 10 personnes qui sont parties. Par ailleurs nous avons dû fermer les chantiers d’insertion bâtiment et forestier car c’était les plus déficitaires », indique le directeur général. Selon lui, les gros problèmes financiers rencontrés cette année viennent notamment des difficultés à percevoir les aides des fonds européens, « Ce sont des paiements tardifs, des sommes à récupérer 3 à 4 ans après. Nous avons dû ainsi prendre en charge certaines dépenses sans qu’elles soient financées ce qui explique en partie le déficit de 800.000 euros, » se justifie Hugues Makengo.
Toutefois, il n’y a pas que ça, le directeur reconnait également un manque de rigueur dans la gestion du budget et des aides. « Nous faisons notre mea culpa, nous avons sans doute surestimé certaines aides et parfois mal fait nos demandes administratives et juridiques pour les avoir… Tout cela cumulé avec les retards de versement ont amené à cette situation économique dégradée ». C’est ce que sous-entend en filigrane la Chambre régionale des comptes qui a procédé à un audit de l’association il y a quelque mois de cela et dont le rapport est sorti ce vendredi. « L’extension rapide du périmètre d’intervention de Mlezi Maore après 2020 n’a pas été sans risque, ni sans dégradation du résultat financier en 2022, en dépit d’une masse salariale inférieure à son niveau théorique, du fait de la vacance de nombreux postes. Les moyens opérationnels affectés au fonctionnement n’ont pas été suffisamment revus afin tenir compte de la croissance de l’activité. Il en résulte une fragilité des processus supports et de leurs procédures associées ainsi que des dérives rendues possibles par un contrôle interne manifestement insuffisant », peut-on lire dans le rapport.
Une année 2024 sous de meilleurs hospices
Malgré une situation financière très compliquée, l’association se défend d’avoir quand même pu aider un maximum de personnes. Plus de 9.000 bénéficiaires, près de 35.000 personnes orientées et 59.000 sensibilisées aux différents dispositifs mis en place par Mlezi Maore. Pour le Pôle solidarité par exemple, le plus couteux, ce sont 1.765 bénéficiaires, 3.626 publics informés ou sensibilisés. Par ailleurs, la mutualisation des moyens et des services aurait permis d’économiser 150.000 euros de gains, notamment en déménageant les locaux à Tsoundzou. Pour le Pôle handicap, le directeur assure que les engagements ont été tenus avec une augmentation des accompagnements pour les personnes autistes avec l’inauguration d’une plate-forme permettant d’avoir un diagnostic et sans prise de rendez-vous, ainsi que l’ouverture d’une seconde classe élémentaire.
Par ailleurs, le parc hébergement dispose actuellement de 402 places « Depuis le début de l’année 2024 c’est plus de 400 personnes que nous avons aidées et qui bénéficient actuellement d’un hébergement et ce jusqu’ à la fin de l’année, souligne Pablo Lordelot », directeur d’établissement du Pôle Solidarité. Ainsi non seulement la direction insiste sur le fait que le tir a été rectifié mais que cela va continuer « En 2024 nous avons travaillé autrement sur les sujets financiers, malgré une situation économique très difficile en 2023, nous avons donc procédé à un rééquilibrage. Aussi nous avons pris des mesures drastiques en mutualisant nos moyens, en gelant par exemple l’achat de véhicules et nous avons mis en place un projet de performance afin d’équilibrer notre budget, de limiter nos dépenses et d’éviter le gaspillage tout en gardant la qualité de nos prestations et nos objectifs à atteindre. Nous avons été audités par la Chambre régionale des comptes, c’est une première… on en tire les leçons en étant plus rigoureux et transparents », indique Hugues Makengo.
En effet, la Chambre régionale des comptes a indiqué dans son rapport que « L’association s’est vu confier d’années en années plus d’habilitations et de financements et bénéficie de la confiance des autorités. Pour autant, elle n’est pas toujours à la hauteur des attentes. Sa situation financière pourrait se dégrader si elle ne prend pas en compte la sous‑activité dont elle pâtit depuis la crise sanitaire ».
B.J.