31.8 C
Mamoudzou
mercredi 29 janvier 2025

Aux Comores, Mahamoud Ali Mohamed invite Azali Assoumani à « déposer les armes »

A quelques jours de l’investiture du président des Comores, résultat d’un scrutin contesté, l’opposition se fait entendre et juge le pays en danger car plongé dans le « marasme ». Le président de l’ANC appelle au rassemblement général des forces vives du pays.

Ce dimanche 26 mai 2024, l’Union des Comores va célébrer l’investiture d’Azali Assoumani reconduit à la tête du pays lors des élections du 14 janvier dernier. Il avait été élu dès le 1er tour dans des conditions qui avait incité l’opposition à crier à la fraude et au bourrage d’urnes. Le pays avait été le théâtre d’émeutes au lendemain des élections, faisant un mort. D’ailleurs, au lendemain du scrutin, ni les Etats Unis ni l’Union européenne n’avaient félicité l’heureux élu. Le quotidien Le Monde avait pu consulter des documents prouvant les irrégularités des élections.

A quelques jours de l’investiture de l’ancien colonel qui organisa un putsch dans le pays en 1999, l’opposition se faisait entendre ce mercredi lors d’une conférence de presse, par la voix de l’homme d’affaire Mahamoud Ali Mohamed, patron de la société Concassage-bétonnage-Enrobage (CBE) et président de l’Alliance nationale des libéraux pour les Comores (ANC). Il rappelle qu’il avait eu avec Azali Assoumani un échange le 7 juillet 2018, soit quelques jours avant que la population ait été consultée par référendum (le 30 du même mois) sur un projet de réforme de la Constitution. « Je lui avais alors demandé de déplacer la date de ce référendum, de rétablir la Cour Constitutionnelle même symboliquement, de reformer son équipe et de revoir certains points de la Constitution qui allaient le servir lui, mais pas le peuple ». Sans effet donc.

Un peuple plongé dans « une pauvreté sans nom »

Le pays, un des plus pauvres du monde, a subi dernièrement des dégâts énormes à cause des inondations

Qualifiant l’élection présidentielle de « lamentable pièce de théâtre », il invite à « se retrousser les manches » en réponse à quatre questions qu’il formule sur l’état du pays : « Pourquoi assiste-t-on à un dialogue de sourds ? Pourquoi les gens ont peur de défendre leur liberté ? Pourquoi ont-ils peur de dénoncer l’injustice ? Pourquoi l’exil demeure-t-il la meilleure solution ? » Qui débouchent inévitablement sur sa prise de conscience d’une « prise de risque pour mon intégrité et mes affaires » à travers sa prise de parole. Mais le jeu en vaut la chandelle selon lui, « j’ai la conviction que rien n’est plus important pour mon pays qui est en danger. Or, la fatalité est la culture des lâches ».

Il accuse celui qui préside le pays depuis 8 ans d’avoir « démoli les fondements de la démocratie comorienne » par « une politique égocentrique, clientéliste et autocratique ». Et le juge « insensible au mal-être de son peuple. » L’opposant parle de « marasme économique », d’un peuple plongé dans « une pauvreté sans nom », de pénurie, et d’avoir trop fait « couler le sang ».

Un message pour le président français

Il met en perspective les difficultés des Comores pour venir à bout des épidémies successives de Covid et de choléra, et les fastes prévus pour l’investiture avec la présence attendue de nombreux chefs d’Etat, « je lui demande d’arrêter ces festivités. »

Une rencontre diplomatique discrète entre les chefs d’état français et comorien en mai 2023 (illustration/DR)

Commençant par appeler Azali Assoumani à « interroger sa part d’humanité », il l’invite à « poser les armes pour ne pas être une menace pour ce pays ». Et invite au « rassemblement général des forces vives » du pays : « J’appelle la société comorienne à sortir de son mutisme et de la culture de la fatalité. » Il s’adresse aux « pays amis et voisins », dont on peut penser que la France est en pole position étant donné que le discours se tient dans la langue de Molière : « Ne fermez pas les yeux sous les prétexte fallacieux (…) vous pourriez être coupables de complicité pour non-assistance », sous-entendu, à un peuple en danger.

Alors que la pauvreté fait fuir chaque jour vers Mayotte les habitants d’un pays où les soins, la scolarité et les équipements primaires ne sont pas assurés, on ne peut que scruter avec attention les suites données à cette prise de parole.

A.P-L.

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Mayotte comme symbole de la déficiente politique migratoire de la France

Le Premier ministre n’a pas seulement cité le 101ème département pour justifier le « sentiment de submersion » migratoire de la France, mais englobe plusieurs autres départements. A travers ses déclarations, François Bayrou pointe la démission durable des politiques d’intégration. D’autres comme Michel Rocard, l’avaient fait avant lui.

Journée de nettoyage du centre-ville de Mamoudzou ce vendredi

La Ville de Mamoudzou, la CADEMA et le Conseil...

« Je vais d’abord m’assurer qu’ils vont bien », premiers contacts entre professeurs et écoliers le jour de la rentrée

Après avoir été repoussée d’une semaine suite au cyclone Chido mais aussi à la tempête Dikeledi, la rentrée scolaire a eu lieu ce lundi 27 janvier à l’école élémentaire Cheikh Abdourahamane Ben Omar de M’Gombani à Mamoudzou. Un soulagement pour enfants et parents même si certains écoliers n’ont pas pu rentrer dans l'établissement, leurs professeurs étant absents.

La rapporteure du projet de loi d’urgence en visite discrète à Mayotte 

Nouvellement désignée rapporteure sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte au Sénat, la sénatrice, Micheline Jacques, était à Mayotte pendant quatre jours, pour s’imprégner du territoire, discrètement mais sérieusement. 
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com