La situation est très tendue à Moroni. On assiste depuis ce mercredi 17 janvier à une révolte spontanée et désorganisée mais qui inquiète les citoyens de la capitale comorienne. Des barricades érigées et des scènes de blocage des routes sont signalées dans différents endroits de Moroni et ses environs.
Une vidéo montrant des inconnus en train de courir précipitamment avec des sacs de riz fait le tour des réseaux sociaux. Selon des sources non vérifiées, il s’agit d’un magasin de stockage de l’Office national d’importation et de commercialisation du riz (Onicor) qui serait attaqué et vandalisé par un groupe de jeunes au nord de Moroni.
L’armée est mobilisée pour prêter main-forte à la gendarmerie et à la police. Les rues sont presque désertes dans de nombreux quartiers de la capitale. Les forces de sécurité pilonnent les zones sensibles à la recherche des auteurs des barricades. Les forces font usage du gaz lacrymogène pour dissuader les récalcitrants et ramener l’ordre.
Peu avant, les routes menant vers Moroni étaient bloquées. Des blocs de béton, des pierres et des arbres avaient bloqué le passage, obligeant les automobilistes à faire demi-tour. Les agents des brigades tentent de dégager la route menant du nord et du sud vers la capitale.
Ces scènes interviennent quelques heures après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle et des gouverneurs des îles. L’actuel chef de l’État Azali Assoumani est crédité de 62,97% des suffrages exprimés. Le candidat du parti Juwa Salim Issa Abdillah a recueilli 20,26%, suivi de Daoudou Abdallah Mohamed qui a obtenu 5,88% des voix selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il y avait en tout six candidats à l’élection présidentielle. Le pouvoir a également raflé la mise au niveau des îles en remportant provisoirement les postes des trois gouverneurs.
L’opposition a fait état d’irrégularités, citant notamment des bourrages d’urnes et une volonté délibérée d’empêcher leurs mandataires l’accès à certains bureaux de vote. Des accusations rejetées par le camp du pouvoir qui demande aux candidats d’en apporter les preuves et de saisir les instances habilitées.
L’Union africaine, l’Eastern Africa Stand-by Force (EASF), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), la Commission de l’Océan Indien (COI) et les États-Unis d’Amérique ont salué le processus électoral aux Comores et demandent à l’ensemble des parties de se conformer au cadre légal pour toute contestation.
De notre correspondant A.S. Kemba