Bandrélé a anticipé au tout début de l’été
Sur les neuf sites scolaires que compte la commune, cinq se situent sur le chemin de l’eau et quatre ne le sont pas. « Nous subissons ces aléas comme tout le monde. Aussi, nous avons installé 15 à 20 cuves environ dans les écoles susceptibles d’être coupées en eau, indique François Delaroque, directeur général des services (DGS) au sein de la mairie de Bandrélé. A priori elles sont en nombre suffisant, cette semaine va être un test mais ça devrait aller ». La municipalité a par ailleurs remis en service les rampes d’eau installées en 2017, suite à une crise de l’eau, dans la plupart des villages et va en créer de nouvelles à Nyambadao et Bandrélé afin que la population puisse s’approvisionner. Ce sont ainsi au total 12 rampes installées sur la commune de Bandrélé. « Il y a des rampes maçonnées et d’autres en grillages, explique le directeur des services techniques de la Ville. Les travaux pour les nouvelles rampes devraient commencer la semaine prochaine ». Pour celles qui existent déjà, elles sont en service et fonctionnelles depuis lundi, assure François Delaroque.
La commune de Bandrélé a anticipé dès cet été ce manque d’eau. « Nous avons été prévenus au cours du mois de juin, on a ainsi pris les devants dès le début de l’été afin d’être prêts pour la rentrée scolaire, ce qui a été le cas », précise le DGS. Chose qui n’a pas été facile puisque tout le monde a sollicité au même moment les mêmes entreprises et les mêmes matériaux pour effectuer les travaux. Concernant les citernes promises par le ministre délégué en charge des Outre-mer, Philippe Vigier, la commune ne sait pas pour l’instant si elle va pouvoir en bénéficier. « Je crois savoir qu’il y en aura 10 ou 15 pour l’ensemble du territoire et qu’elles sont arrivées à Mayotte. Pour l’instant je n’ai pas d’information à ce sujet, je pense que cela se fera au coup par coup », estime le directeur de services techniques.
En effet, il y a encore pas mal de flou sur le rôle et l’installation de ces citernes. « En théorie, j’ai cru comprendre qu’elles seraient mobilisées en cas de besoin pour pallier à des difficultés ou à des problèmes qui surviendraient brusquement. Mais nous n’en savons pas plus », concède François Delaroque. Concernant les bâtiments administratifs et autres locaux accueillant du public, la municipalité a investi sur ses propres deniers pour l’achats de cuves et de bassines. « Le CCAS (Centre communal d’action sociale) et la mairie sont équipés de cuves spéciales. Idem pour les autres bâtiments avec un système de récupération d’eau. Si besoin nous en recommanderons », affirme le DGS.
Par ailleurs la commune va bénéficier d’un « forage prioritaire » à Mro Mouhou entrepris par le syndicat des eaux dont le début des travaux est imminent. « Cela devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année », indique le DGS. La commune a aussi pour projet de consacrer un forage, déjà existant, du côté de Dapani, à destination des entreprises, notamment celles du bâtiment. « Nous avons fait un devis pour une pompe de l’ordre de 5m3/heure… Ce forage sera destiné aux besoins des entreprises afin de faire du ciment notamment car l’eau ne sera pas potable. Toutes les ressources sont bonnes à prendre ! ».
A Bouéni l’inquiétude grandit
« Le préfet de l’eau est venu nous voir cet été afin d’organiser le raccordement des écoles sur le chemin de l’eau. Nous les avons également toutes équipées de cuves et nous avons remis en service les sept rampes de la commune, explique Monsieur Abaine, directeur de cabinet de la mairie. Plusieurs cuves ont aussi été installées dans les bâtiments administratifs comme la mairie pour l’utilisation des sanitaires et le lavage des mains. La municipalité a en plus investi dans l’achat de bouteilles d’eau pour les agents de la commune. « Pour l’instant il n’y a pas de problème, les écoles fonctionnent très bien. En revanche un de mes principaux soucis, ce sont les gourdes qui ont été distribuées. Avec quelle eau nous allons les remplir ? La plupart des gens ici n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau en bouteilles, les prix sont beaucoup trop chers. La question reste sans réponse », s’insurge le directeur de cabinet. Pour rappel, le recteur a demandé aux maires de doter leurs établissements scolaires de jerricans pour le remplissage des gourdes.
A Bouéni chacun fait comme il peut, les gens se débrouillent et font en fonction des tours d’eau. Beaucoup de personnes ont acheté des cuves et des bassines pour faire des réserves et certains prennent de l’eau dans d’anciens puits quand il en reste encore. « Les habitants savent que c’est interdit mais il n’y a pas d’alternative, les gens doivent se débrouiller seuls. Les temps sont durs pour tout le monde et à Bouéni on n’est pas épargné. Nous sommes très inquiets pour la santé de la population… Que va-t-il se passer d’ici deux semaines quand il n’y aura plus d’eau pour les sanitaires ? Le risque d’épidémie est important. Comment vont s’en sortir les plus fragiles ? Le dispensaire de Mramadoudou est quasi fermé et il n’y a seulement que deux cabinets médicaux pour près de 30.000 habitants. Les infirmiers libéraux courent partout. Les gens ne peuvent pas être bien soignés ! ».
Le directeur de cabinet est plutôt pessimiste pour les jours et les semaines à venir et déplore qu’aucune mesure d’anticipation n’ait été prise depuis plusieurs années maintenant. « On ne peut pas être optimiste. Nous n’avons aucune garantie de ceux qui sont dans les hautes sphères… On ne nous propose rien du tout. La sécheresse est totale et en ce qui concerne la politique de dessalement de l’eau on ne comprend rien. La population de Mayotte est abandonnée ! ».
Chiconi et Mtsamboro attendent de voir et feront un bilan en fin de semaine
Là aussi dans ces deux communes des cuves ont été installées dans les écoles qui ne sont pas reliées au chemin de l’eau mais il y a déjà eu un premier couac. « Nous avons été avertis par un directeur d’école de la commune qui nous a signalé que les cuves ne suffisaient pas pour tenir la journée ! Le syndicat des eaux n’a pas livré assez de cuves par rapport au nombre d’élèves, confie Abdallah Gamba, DGS par intérim au sein de la mairie de Mtsamboro. On va voir si pour les autres établissements cela va suffire et si les cuves vont pouvoir tenir, c’est une semaine test ». Pour l’instant tous les élèves ont été accueillis et n’ont pas encore été renvoyés chez eux. Au pire si cela s’avère insuffisant la commune installera des cuves supplémentaires. Même son de cloche du côté de Chiconi où la municipalité a fait installer des cuves dans l’ensemble des écoles. « Nous allons voir en fonction des projections, déclare Madi-Boinamani MADI MARI, DGS de la mairie. Nous ferons un bilan à la fin de la semaine et des ajustements si besoin. A ce jour, il n‘y a pas de difficulté particulière ».
Pour ce qui concerne les bâtiments publics, la stratégie est un peu différente selon la commune. « Nous n’avons pas mis en place de politique spécifique pour l’instant, affirme le DGS de Mtsamboro. Nous avons acheté des réservoirs destinés aux sanitaires pour l’ensemble des services administratifs. Nous pouvons encore accueillir du public mais c’est un peu compliqué car les toilettes restent fermées aux visiteurs ». En revanche, il n’y a pas de distribution de bouteilles d’eau, « Chacun se débrouille comme il peut », avoue-t-il.
A Chiconi, c’est le système D qui est utilisé pour l’instant, faute de mieux. « Nous avons bricolé un camion-citerne avec une pompe afin qu’il puisse alimenter les cuves des écoles. Des cuves sont en cours d’installation au sein de la mairie. Nous réfléchissons à un aménagement des horaires pour les agents et des modulations. Il est probable que nous mettions en place un service minimum pour assurer l’État civil ou autres… ». Même si le DGS pense que la situation va sans doute empirer, il demeure résilient. « On va s’adapter et gérer au fur et à mesure, nous sommes résignés. Nous sommes dans le même état d’esprit que pendant la crise de la Covid. Nous allons garantir un service minimum afin de limiter les dégâts et l’impact pour la population ».
B.J.