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La question de la parentalité dans les Outre-mer s’est invitée au Sénat

Quatre sénateurs de la délégation aux Outre-mer et de la délégation aux droits des femmes du Sénat ont présenté mardi dernier leurs conclusions sur le rapport concernant la parentalité dans les Outre-mer. Près de 120 personnes ont été interrogées pendant plus de cinq mois. Suite à leurs investigations sur différents territoires, les sénateurs ont préconisé vingt recommandations.

Le titre exact du rapport est : « Soutien à la parentalité, agir pour toutes les familles des Outre-mer ». « L’objectif de ce rapport est de faire des constats mais aussi de préconiser des recommandations », explique Annick Billon, sénatrice de Vendée. Le constat est assez inquiétant puisque de nombreuses familles en Outre-mer sont en situation de précarité et de vulnérabilité, notamment les familles monoparentales avec des femmes à la tête. Un des objectifs de ce rapport est donc de mieux connaitre les particularités des territoires ultramarins afin de mieux adapter les politiques familiales en fonction des cas mais aussi de généraliser les observatoires de la parentalité.

La sénatrice de Vendée, Annick Billon

Ainsi, comme le rappelle, Annick Billon, « Le taux de pauvreté atteint 78% en Martinique, 77% à Mayotte quand il est de 15% dans l’Hexagone. Il est donc nécessaire d’agir, d’autant plus que deux-tiers des familles se trouvant dans les DROM (départements et régions d’outre-mer) touchent des prestations sociales et familiales, indique la sénatrice de la Vendée. Les taux d’illettrisme et d’analphabétisme sont tels à Mayotte que l’exercice de la parentalité est difficile dans ce territoire car les familles n’ont pas ou peu accès aux outils mis en place par les politiques publiques », complète la sénatrice de Vendée.

Impliquer davantage la figure paternelle dans les politiques familiales

Pour Elsa Schalck, sénatrice du Bas-Rhin, « Il y a une spécificité des structures parentales dans les territoires ultramarins, notamment en ce qui concerne la place centrale des femmes (mères) dans les familles ». Ainsi selon elle, la moitié des familles aux Antilles et en Guyane sont des familles monoparentales, « C’est deux fois plus qu’en France métropolitaine ! Les femmes sont vulnérables, souvent sans emploi ou sinon avec un faible revenu ce qui conduit à des conditions de vie difficiles. La monoparentalité débute dès la naissance de l’enfant. Songez que deux-tiers d’entre eux ne sont pas reconnus par leur père à la naissance. Aussi nous devons reconsidérer la place des pères dans la politique familiale en les incluant dans le dispositif de parentalité et en les sensibilisant aux enjeux », a-t-elle insisté.

La sénatrice du bas-Rhin, Elsa Schalck

Autre spécificité des Outre-mer, la fréquence des grossesses prématurées où l’on constate que le recours à l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) est plus nombreux. En Guyane et à Mayotte les grossesses précoces sont plus présentes que dans les autres territoires ultramarins. D’après la sénatrice du Bas-Rhin, dans le 101e département français, 10% des naissances sont faites par des femmes qui ont moins de 20 ans. « Les séances et les cours d’éducation à la sexualité doivent être renforcés afin, d’une part, de faire de la prévention, mais aussi d’accompagner ces grossesses pour éviter le décrochage scolaire qui en découle la plupart du temps. Il convient également de renforcer les partenariats avec les SMA (Service militaire adapté) pour aider ces jeunes à s’insérer dans la société ». Enfin, la sénatrice Schalck souhaite s’appuyer sur la famille élargie et la solidarité intergénérationnelle pour favoriser l’éducation et la transmission des valeurs.

« Il faut consolider la présence des CAF sur les territoires ultramarins »

La sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin

La sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin, veut renforcer et développer les services de proximité pour les familles afin de faciliter davantage la vie des parents. « Nous devons aller vers eux. A cet égard, les CAF (Caisses d’allocations familiales) ont un rôle essentiel, nous devons consolider leur présence sur ces territoires car elles permettent notamment de faciliter l’ouverture aux droits familiaux ». L’élue du Palais du Luxembourg souhaite également développer les services liés à la petite enfance en proposant des gardes et des offres d’accueil. « Pour cela il faut former du personnel qualifié, donner des moyens aux communes, ce dont elles manquent cruellement. C’est un enjeu d’égalité », a-t-elle fait remarquer. Remédier au manque de personnel qualifié, développer les partenariats, offrir des dispositifs périscolaires, renforcer l’accueil collectif des enfants, sont autant de pistes qu’il faut généraliser, selon elle.

Soutenir les associations présentes dans les Outre-mer

Stéphane Artano est sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon

Le sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Artano considère qu’il y a des inégalités en matière de politiques de soutien, notamment à Mayotte et en Guyane qu’il juge totalement insuffisantes au regard de la situation dans ces territoires. « Le programme des 1000 premiers jours, période clef pour le développement de l’enfant, est inexistant dans les Outre-mer », explique-t-il. Sur ce sujet, Mayotte a un retard accablant, il n’y a pas de service de médiation familiale, selon Stéphane Artano. Aussi, un récent rapport a montré un retard inacceptable concernant les PMI (Protection maternelle et infantile). « C’est une priorité, il faut renforcer la politique de soutien à la parentalité en s’appuyant notamment sur les CAF, alléger les dispositifs existants, soutenir les acteurs de proximité que sont les associations en les dotant de moyens financiers pérennes. Enfin, il est nécessaire d’encourager les fédérations nationales à s’implanter dans les Outre-mer pour développer, notamment, l’ingénierie dans ces territoires », a-t-il conclu.

B.J.

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