Le dernier bulletin de l’INSEE affiche 10.730 naissances, donc 110 bébés supplémentaires sortis de la maternité en 2022 par rapport à l’année précédente, et davantage marqué en début d’année. Ce qui représente 4 salles de classe supplémentaires, sur un total de 800 manquantes.
Ce boom des naissances concerne quasiment exclusivement le premier trimestre 2022, +11 % par rapport au 1er trimestre 2021. Sur le reste de l’année 2022, le nombre de naissances est légèrement inférieur à l’année précédente, « 7.960 naissances d’avril à décembre 2022 contre 8.090 sur la période correspondante de 2021 ».
Une croissance de 1,1% qui pourrait paraître minime, si ce n’est que ce petit pourcent représente à lui seul un échec. Echec en l’absence de politique affirmée de régulation des naissances, échec dans l’utilisation à bon escient de l’évolution du droit du sol à Mayotte par défaut de communication aux Comores, échec dans la politique de lutte contre l’immigration clandestine. Ces trois leviers sont à repenser pour les rendre plus efficaces. L’un d’entre eux l’a-t-il été sur le reste de l’année ? En tout cas, il faut analyser le recul des naissances sur les 2ème et 4ème trimestres.
On décède toujours à domicile
Autre indicateur qui ne va pas nous réjouir, la forte augmentation des décès, +23%, atteignant 970 en 2022. Un chiffre logiquement lié à la fin de vie d’une population en constante augmentation, souligne l’INSEE, qui l’explique aussi par l’épidémie de Covid. Or, il n’y a eu officiellement qu’un seul mort du Covid en 2022, selon l’ARS Mayotte. Il suffit pour cela de comparer les données du 1er janvier et du 31 décembre 2022 fournis par l’institution pour constater, comme nous l’avions déjà expliqué, que les décès sont passés de 186 à 187. Il se peut bien sûr qu’une partie de la mortalité liée à l’épidémie de Covid ait échappé à la comptabilisation officielle, étant donné que beaucoup de personnes meurent à la maison. Ils sont malgré tout théoriquement enregistrés dans les mairies. L’hypothèse des effets de la grippe tombée sur une population peu immunisée à la suite des confinements, et à la suite d’une erreur de ciblage du vaccin, positionné sur la souche de l’hémisphère nord, avait été émise par Santé Publique France, mais là encore, les données officielles ne rapportent aucun décès dû à la grippe en 2022.
La hausse des décès est plus marquée au premier trimestre 2022, +31 % par rapport au premier trimestre 2019, période où avait sévi l’épidémie de grippe. La probabilité que Covid et/ou grippe en aient été la cause sans être diagnostiqués peut donc être avancée.
Logiquement, les personnes âgées de 75 ans ou plus sont davantage touchées comme à
La Réunion et en France métropolitaine. Mais à Mayotte, les moins de 50 ans sont également frappés, puisqu’ils sont 23 % de plus à décéder par rapport à 2019.
Les femmes décèdent plus que les hommes en 2022, +26 % par rapport à 2019. Les décès surviennent davantage à domicile, 56 %, « soit deux fois plus qu’au niveau national ». Les décès à l’hôpital sont moins fréquents à Mayotte, 34 % contre 52 % en France, « les autres décès ayant lieu sur la voie publique », mentionne l’INSEE, on suppose lors d’accidents de la route. Par rapport à 2019, la part de décès à domicile augmente de 8 %.
Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, repart à la hausse. Il s’élève à +9.760 en 2022 .
Anne Perzo-Lafond