Délinquance et agressions à l’hôpital : son directeur prêche pour un « choc d’attractivité »

Face au "choc médiatique" des infos sur la délinquance à Mayotte, enrichies par la dernière agression en date d'un chirurgien, Jean-Matthieu Defour demande l'aide de l'Etat pour recruter son personnel.

Ce jeudi, le personnel hospitalier se rendra comme un seul homme devant le service des Urgences pour protester contre l’agression nocturne dont a été victime un chirurgien orthopédiste au sein même de l’hôpital. Depuis, les langues se délient, les victimes d’agressions parlent, « il y a un sentiment d’insécurité du personnel de garde la nuit ».

Une agression qui va enrichir les colonnes des médias nationaux à propos de Mayotte, puisque depuis quelque mois, ils ont relayés la presse locale sur l’insécurité, et la présence sur place du ministre Darmanin pour le Jour de l’An en est un révélateur.

L’agression du médecin s’est déroulée au moment même où le directeur général du CHM, Jean-Matthieu Defour, donnait une interview à Hospimédia, presse spécialisée dans l’offre de soins, pour réclamer un « choc d’attractivité ». Il s’agit pour l’hôpital de Mayotte de « renouveler la moitié de ses effectifs, soit 1.400 agents », alors que « les personnels sont au bord de l’épuisement ».

Tout d’abord en raison des temps de trajet lié aux embouteillages, avec des personnels qui se lèvent à 3h du matin pour se rendre sur le lieu de travail, mais aussi, un hôpital « sursaturé ». On sait que le CHM reste le seul hôpital fonctionnant encore sous Dotation annuelle de fonctionnement versée chaque année par l’Assurance maladie. Or « il a approché l’an dernier les 10 700 accouchements. Il ne compte que cinq salles opératoires pour un bassin de vie de 300 000 habitants. Les conditions de travail y sont fortement « dégradées » et l’afflux de patientèle étrangère depuis les Comores voisines attise plus encore cet engorgement sanitaire », résume Jean-Matthieu Defour, qui indique que l’investissement de 120 millions d’euros de restructuration profonde du CHM à l’horizon 2025 est en attente de validation auprès du Conseil national de l’investissement en santé (Cnis).

Un hôpital sursaturé

Face à ces défis, il faut attirer les hospitaliers, et face à ce qu’il appelle un « choc médiatique », avec un déferlement d’informations nationales sur l’insécurité à Mayotte, il réclame un « choc d’attractivité ». Si son agence territoriale de recrutement, couronnée par le grand prix du jury fin septembre lors des 10 prix de l’innovation RH, décernés par la FHF, a été créée pour bichonner les soignants, c’est encore insuffisant. Comme nous l’avions rapporté, elle a obtenu des résultats sur les para-médicaux, qui fut sa première cible, mais pas encore sur les médecins et sages femmes, pour ces dernières, il y a 50 postes vacants.

Une solution est de faire venir de La Réunion ou de métropole des soignants en leur garantissant « le droit au retour ». « Pour le CHM, c’est l’occasion également d’installer des spécialités jusqu’à présent inexistantes sur l’île afin d’éviter des évacuations sanitaires », explique le directeur.

Mais pour sécuriser les arrivées, il demande un « choc d’attractivité », c’est à dire « une action résolue des pouvoirs publics sur les salaires et la défiscalisation ». Surtout qu’il va falloir trouver de quoi pourvoir les postes du 2ème hôpital de 500 lits à Tsingoni et la 1ère clinique à Chirongui avec Clinifutur.

A.P-L.

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