Il s’était fait tout discret, cet arrêté. Signé en mars par le préfet, il prévoit la « régulation administrative des meutes canines posant des problèmes de sécurité, errantes ou dressées au combat et utilisées comme armes par destination sur le territoire de Mayotte ». Autrement dit, cet arrêté autorise un agent dédié à procéder à des tirs ciblés de chiens errants, notamment à la demande des communes et sous encadrement de la police.
Les dangers que posent les chiens errants sont légion. Violences, destruction des nids de tortues mais aussi attaques sur du bétail.
« J’ai été saisi par plusieurs maires qui sont embêtés par des chiens errants qui sont agressifs, et qui sont aussi parfois utilisés par des délinquants pour effrayer la population. Le chien errant est aussi un prédateur des tortues, il y a un enjeu à éviter ça » explique le préfet Thierry Suquet.
La difficile mission de tirer les chiens errants est confiée à ce qu’on appelle un « lieutenant de louveterie ». Un arrêté de 2015 avait déjà été signé à l’époque pour créer ce poste.
« On avait un arrêté qui permettait au lieutenant de louveterie d’abattre des animaux errants, mais c’était un peu tombé en désuétude » reprend le préfet. Et le terme n’est pas vain, puisque la fonction de lieutenant de louveterie a plus de 1000 ans !
Depuis mars « on a réactualisé le dispositif. Aujourd’hui on est en train de travailler pour permettre la mise en œuvre effective de cet arrêté » assure-t-il.
L’initiative n’est pas propre à Mayotte. A La Réunion, le sujet n’est pas nouveau, et en 2018, la préfecture recherchait plusieurs volontaires pour devenir lieutenants de louveterie, créant une polémique sur l’île. A Mayotte, l’initiative fait grincer quelques dents, mais elles sont peu audibles, les problématiques de combats de chiens, de recul de la biodiversité et de violences utilisant ces animaux y sont sans doute pour quelque chose.
Y.D.