Accès toujours bloqué à ses locaux : la Cimade dépose plainte

Le passage en mars dernier du président de l'association n'aura en réalité rien changé : depuis le 13 décembre 2021, l’équipe de La Cimade à Mayotte demeure dans l’impossibilité d’accéder à ses bureaux, en raison de la présence de Collectifs. Pourtant, les opérations de démolition d'habitat insalubres au cœur du sujet, ont bien eu lieu.

De passage à Mayotte en mars dernier, le président de la Cimade Henry Masson avait prévenu: si l’accès aux locaux de la Cimade n’était pas dégagé rapidement, il engagerait des poursuites. Ce n’est pas faute d’avoir tenté la conciliation lorsqu’il soulignait les points communs entre l’association et les Collectifs,  » nous ne sommes pas contre les Mahorais et pour les Comoriens, nous sommes pour aider toutes les personnes dans la défense de leurs droits », en rajoutant, « nous ne les hébergeons pas, nous ne sommes pas une association humanitaire ».

La police était intervenue pour libérer la voie aux équipes, qui avaient pu décrocher les banderoles sur lesquelles étaient inscrites « Stop au trafic d’êtres humains ».

A l’origine de ce mouvement, le rejet par le tribunal administratif d’une opération de démolition d’habitat insalubre, initiée par le préfet à Combani. Plusieurs associations avaient contesté cette opération, dont la Cimade. Depuis, la justice l’a validée, et ce sont 122 cases en tôles qui ont disparu à Combani comme à Mirereni le 26 avril dernier. Cela aurait été une bonne occasion pour le Collectif de lever la pression sur la Cimade. Mais la certains sont en précampagne électorale, ce qui plaide en faveur du « jusqu’au-boutisme », et joue contre la montre de l’association.

La visite d’Henry Masson n’avait pas débloqué la situation

Qui monte le ton: « Cette situation, inacceptable dans un Etat de droit, caractérisant une entrave manifeste à la liberté associative, perdure depuis trop longtemps, en dépit de nos interpellations des pouvoirs publics et de nos tentatives de dialogue avec les personnes responsables du blocage. Une rencontre et des échanges ont été organisés entre plusieurs membres du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018 et La Cimade, mais n’ont eu aucune conséquence sur le blocage de notre local. »

En conséquence de quoi, la Cimade indique saisir la justice contre les membres du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018. « Par une requête en référé, nous demandons au tribunal judiciaire de nous garantir la pleine jouissance de nos bureaux pour nous permettre de continuer à porter nos valeurs et déployer nos actions sur le département de Mayotte, tout en garantissant la sécurité de l’ensemble de nos membres et des personnes qui sollicitent notre aide. »

A.P-L.

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

SMAE : Les coupures d’eau « urgentes » se poursuivent

Ce matin, les usagers des secteurs de Pamandzi Ouest et La Vigie-Labattoir se sont réveillés sans eau.

Le Parlement adopte définitivement le projet de loi de refondation de Mayotte

Le texte, qui prévoit un investissement de quatre milliards d’euros sur six ans, vise à accompagner la transformation économique, sociale et institutionnelle du territoire.

« Je suis un pur produit du CHM et de Mayotte » : à la tête des soins, Samianti Kalame Soilihe défend la formation...

Directrice des soins au Centre hospitalier de Mayotte, Samianti Kalame Soilihe incarne un parcours professionnel rare, bâti localement. Dans un territoire confronté à de fortes contraintes sanitaires, elle mise sur la formation pour renforcer un système encore fragile.

Projet de loi refondation : « le bilan est globalement positif », estime Saïd Omar Oili

Au lendemain de l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte, le Sénat a lui aussi été favorable au texte à 228 voix contre 16, ce mercredi 10 juillet, il doit désormais être promulgué par le président de la République. Dans une déclaration générale, le sénateur Saïd Omar Oili à fait part de sa position sur le texte.