Cracher dans la cour, c’est une chose. Le faire dans un petit pot avec un adulte qui regarde, c’en est une autre. « Certains sont intimidés » note Elina, médiatrice santé du rectorat en mission à l’école élémentaire du Centre à Chiconi ce vendredi.
Dans cette classe, un élève testé positif la veille a déclenché le dépistage de tous ses camarades. L’enjeu : garder la classe ouverte en isolant les cas positifs éventuels. La particularité : le test est salivaire. Pas d’écouvillon nasal donc, mais un mollard -une fois n’est pas coutume-, autorisé en classe.
« Les tests naso pharyngés sont très intrusifs pour les tout-petits » concède en effet le recteur Gilles Halbout en déplacement dans cette école pour l’occasion. D’où le recours aux tests salivaires. « On les faits dans les écoles primaires, quand on a un ou plusieurs cas on procède à ces tests systématiques, ce qui permet d’isoler rapidement les cas positifs », explique-t-il. Depuis la rentrée de septembre, plusieurs centaines de classes ont déjà été testées, mais la campagne s’accélère avec le variant Omicron.
« On avait déjà ces campagnes de tests salivaires avant les vacances, mais moins systématiquement, quand on avait des soupçons de clusters. Depuis la rentrée notre objectif est d’être le plus réactifs possible et de soulager les familles pour ne pas avoir à aller dans les pharmacies ou ailleurs, en faisant ces tests dans les écoles. On est passés d’un facteur de 2-3 dépistages dans la semaine à plus d’une dizaine aujourd’hui. Là on a une vingtaine d’enfants qui sont testés, soit toute la classe, car il y a eu un cas positif » poursuit le recteur.
Seule limite à cette méthode, les capacités du laboratoire, estimées à 200 à 300 tests par jour. Sachant que chaque classe dépistée doit l’être à nouveau quelques jours plus tard, la demande augmente vite. Mais pour l’heure, la stratégie tient et permet de garder des classes ouvertes. « On n’est plus sur un cas positif on ferme la classe » confirme en effet le recteur, qui indique toutefois que des fermetures ont lieu au delà d’un certain seuil de positivité. « On a dû depuis le début de la semaine fermer un certain nombre de classes en raison de cas positifs. Quand on atteint 20%, on ferme la classe. Dans ce cas, en terme de continuité pédagogique c’est plus intéressant d’avoir tous les élèves à la maison que les uns avec une modalité et les autres avec une autre modalité ».
Moins précis, mais moins invasifs
Au cours de la semaine écoulée, ce sont 8 classes qui ont dû être fermées pour cause de covid, il en restait deux fermées vendredi. La méthode des tests salivaires limite donc la casse, alors que la priorité est d’assurer la continuité du service public scolaire, tout en limitant l’impact des tests pour les élèves. Quitte à rogner un peu sur la précision des tests.
« Les tests salivaires sont un peu moins sensibles que les tests antigéniques », note en effet Olivier Brahic, directeur de l’ARS de Mayotte, mais ils permettent d’investiguer largement un certain nombre de cas et de classes, c’est plus facile, moins invasif, la balance bénéfice risque est favorable. En 24h on a le résultat comme un PCR, et les parents sont informés tout de suite », détaille-t-il.
Une stratégie qui semble donc pour l’heure porter ses fruits, à condition que l’épidémie marque le pas, et que les parents jouent le jeu. « Il faut répéter le message », ajoute le recteur, « si on a un enfant positif ou qui a des symptômes, surtout on le garde à la maison ! C’est inutile de faire du forcing sinon derrière ça fait un cluster ».
Et de souligner les résultats obtenus au niveau des écoles : « on freine la propagation, la semaine prochaine on continue le même protocole et on verra si on peut l’alléger, notamment pour les lycéens » conclut Gilles Halbout.
Y.D.