La célébration de la naissance du prophète, né vers l’année 570 du calendrier occidental, n’est pas mentionnée dans le coran. Elle est donc très controversée car considérée par certains théologiens, notamment saoudiens, comme une innovation religieuse étrangère à l’islam. Selon les études historiques, elle serait d’origine chiite et aurait été successivement mise en place, abolie, puis restaurée par les différents califes de l’ère musulmane. Elle est toutefois largement fêtée dans la majorité des pays de confession musulmane d’où son instauration en tant que jour férié.
« Aucune prière particulière n’est réalisée pour Maoulida. En revanche, on lit la vie du prophète, révélée dans le barzanji, un livre qui n’a rien à voir avec le coran et qui est davantage issu de la tradition musulmane », nous révèle Halidi, un croyant que nous avons croisé à l’issu de la prière du lundi soir. Car, si c’est le mardi qui est férié, Maoulida commence en réalité dès la veille. « Après la prière du soir, les fidèles se réunissent pour lire le barzanji. Tout le monde peut le lire, ce n’est pas réservé aux dignitaires religieux », poursuit le fidèle. Si les mosquées sont naturellement des lieux privilégiés pour cette cérémonie, elle est également réalisée sur les places publiques des villages.
« Il s’agit de se remémorer le combat de Mohamed pour instaurer une religion de paix », précise Halidi qui en profite pour nous expliquer que « le djihad » mentionné dans le coran correspond en réalité à « un combat contre soi-même pour se débarrasser de ses vices » et non en une guerre meurtrière comme les extrémistes voudraient le faire croire au monde.
Une fête conviviale
Parallèlement aux lectures de la vie du prophète, Maoulida est également l’occasion pour les musulmans de Mayotte de se réunir en famille pour partager un bon repas la journée du lendemain. Les amis peuvent être aussi conviés, l’important étant de communier dans l’amour du prophète Mahomet et des enseignements que peuvent apporter les récits de sa vie entièrement consacrée à l’instauration de la parole d’Allah. Les jeunes sont particulièrement invités à participer aux lectures du barzanji, car cela fait partie de l’éducation traditionnelle à Mayotte. On les incite notamment à s’exprimer et à poser des questions afin de bien comprendre leur religion et ses applications dans la vie de tous les jours.
Dans une société mahoraise en pleine mutation, la fête de Maoulida est donc l’occasion pour la société mahoraise de se rappeler ses traditions et fait intégralement partie de l’éducation des jeunes sur l’île aux parfums.
Nora Godeau