Si le prolongement de la fermeture des discothèques jusqu’à la fin du mois de janvier s’est avéré être une réelle déception pour les professionnels du milieu, le bilan est moins sombre pour les restaurateurs. Charles-Henri Mandallaz, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, nous en dit plus. Il explique que les professionnels de la restauration sont heureux d’avoir échappé à une fermeture partielle. Au départ, le souhait de la préfecture consistait à interdire les salles fermées et n’autoriser que les terrasses, à l’instar de ce qu’il s’est fait auparavant. Mais des échanges avec le préfet ont permis la prise en compte de l’opinion des restaurateurs, lesquels exprimaient leur incompréhension face à cette mesure en décalage avec la métropole. « Même si l’incidence monte, on est très loin des problématiques de La Réunion et de la métropole » explique M. Mandallaz. La requête a été bien accueillie par le préfet, et l’UMIH s’en réjouit.
Une concession persiste toutefois, voulue par les restaurateurs pour prouver leur implication : la limitation des tablées à 6 personnes maximum dans les établissements fermés. « Ça a été le moyen de ménager l’activité au maximum » explique le président de l’UMIH. Un petit sacrifice, face à la perspective de devoir fermer complètement les établissements. Tout particulièrement face à la longue préparation nécessaire pour la soirée du nouvel-an, avec des stocks prévus un mois à l’avance. « Globalement on peut se satisfaire de la situation » résume-t-il, saluant le dialogue instauré avec les services de l’Etat.
« Mayotte a été plutôt préservée par rapport à la métropole »
Qu’en est-il du bilan, après toutes ces péripéties sanitaires pour le monde de la restauration ? « Avec du recul, on peut considérer si on est honnêtes que Mayotte a été plutôt préservée par rapport à la métropole, par les décisions prises par la préfecture l’année dernière » explique Charles-Henri Mandallaz. Des amplitudes de fermeture moins longues, des entraves moins importantes et un manque à gagner plus léger pour le 101ème département, donc. Mais l’on notera tout de même une déperdition de 30 à 40% de chiffre d’affaires sur l’année dernière, avec une reprise relativement significative, mais « loin d’être au maximum ». La clientèle est bien présente, les restaurateurs se sentent suivis et accompagnés, explique le président de l’UMIH. Les difficultés liées au pass sanitaire ont été dépassées : « les gens ont compris que ce n’était pas de notre fait » détaille-t-il. Néanmoins, des difficultés restent à prévoir…
« Le réveil va être douloureux »
« De la casse il y en a, du ras-le-bol, de la fatigue, de l’usure psychologique, des pertes financières… Mais malheureusement nous pensons à l’UMIH que l’on n’est qu’au début du problème économique » déclare Charles-Henri Mandallaz. En effet, un autre problème d’ampleur se posera l’année prochaine, lorsque les remboursements devront commencer. Si pour l’instant les restaurateurs sont « sous perfusion », entre le chômage partiel, le fonds de solidarité et les Prêts Garantis par l’Etat, les premières échéances vont bientôt arriver. Il s’agira alors de rembourser les PGE. C’est là que le bât blesse. Après avoir usé l’enveloppe du PGE pendant deux ans de crise, les professionnels devront débuter les remboursements avec des trésoreries vidées. « On risque d’avoir d’énormes problèmes, avec des entreprises qui vont se retrouver exsangues, à bout de portage financier. Le réveil va être douloureux » commente M. Mandallaz. Et ce à moins que la crise ne s’efface complètement au cours du premier trimestre et que l’activité reparte à 200% : dans ces conditions, selon lui, les professionnels seront en souffrance quelques mois puis se referont une trésorerie. Mais tout cela reste évidemment aléatoire, et une fois de plus au cours de cette crise sanitaire et économique, les certitudes restent aux abonnés absents.
Mathieu Janvier