Sylvie Espécier n’est pas une inconnue à Mayotte. Ancienne secrétaire générale adjointe et sous-préfète à la Cohésion sociale où elle s’était beaucoup impliquée, elle sera responsable de la Cellule nationale de coordination et d’appui à l’action territoriale. Elle est accompagnée de Nicolas Clouet, Inspecteur de l’administration de première classe, d’Antoine Poussier, Sous-directeur de la protection du ministère de l’Intérieur, de Philippe Schmit, Inspecteur général de l’administration du Développement durable, de Pierre Lussiana, Inspecteur général à l’inspection générale de l’Éducation nationale et de la Recherche et du Dr Grégory Emery, Sous-directeur adjoint performance à la direction générale de l’offre de soins.
En présentant ce staff, la ministre Annick Girardin a voulu illustrer ses propos déjà tenus à Mayotte lors de la mise en place du Pan de sécurisation, et répétés lors de la conférence de presse à Paris ce mercredi : « Chacun sait que la sécurité est un préalable mais pas l’unique réponse aux profonds déséquilibres de Mayotte. J’ai eu l’occasion de le dire devant la représentation nationale, les difficultés de Mayotte sont le fruit d’un échec collectif depuis une trentaine d’années. Les établissements scolaires sont en surcapacité, avec un nombre d’élèves en constante augmentation. Les besoins en formation sont criants, dans tous les domaines. Les infrastructures de base, notamment en matière de transport, accusent un retard colossal. La production de logement est en panne. La mobilisation du foncier est quasi impossible au regard des occupations illégales et de l’habitat informel. La pauvreté touche 8 mahorais sur 10 et le territoire souffre d’une pénurie de médecins et de spécialistes », avant d’affirmer, « tout est urgent à Mayotte ».
« A Mayotte, la confiance s’est brisée entre l’Etat et les citoyens »
On perçoit à travers ses propos que quelque chose est passé entre elle les leaders de la mobilisation : « Lors de mon passage à Mayotte j’ai pu mesurer à quel point la confiance s’est brisée entre l’Etat et les citoyens. Trop de promesses non tenues, un accompagnement insatisfaisant de la départementalisation, et l’impression de n’être pas considéré comme des citoyens français ont effrité le pacte républicain. »
Après avoir salué le travail du préfet Frédéric Veau et de son équipe, la ministre ne pouvait que vanter celui qui ne sera plus son directeur de cabinet le 30 mars, Dominique Sorain, « grand serviteur de l’Etat, un préfet expérimenté, un fin connaisseur des enjeux régionaux de l’océan indien. C’est en outre une personnalité respectée qui incarne les valeurs de la République. » On se souvient que c’est lui qui avait annoncé la suspension de la feuille de route France-Comores, se basant sur « des incompréhensions et des fausses informations que ce document a suscité à Mayotte ».
Les élus reçus par Emmanuel Macron dans un mois
Son équipe aura un mois pour présenter un train de mesure sociales et économique, en prenant « appui sur les revendications, les demandes des élus et les contributions des citoyens formulées lors des Assises des outre-mer ». Un point d’échange sera fait à « mi-parcours » à Paris « au cours de la semaine du 16 avril. A l’issue des travaux, le président de la République recevra les élus de Mayotte, pour « engager (avec eux) un nouveau mode de développement », et « conclure avec eux ce nouveau pacte républicain ».
S’exprimant sur les barrages, et « les revendications légitimes des grévistes », la ministre rappelait que « les entraves à la circulation, la mise en danger d’autrui, les opérations de justice communautaire, le racket organisé sur certains barrages sont des faits graves passibles de poursuites. » Et à propos de la position de dialogue avec le gouvernement des élus, la ministre a remis fermement les choses au point : « Les élus du territoire sont les premiers interlocuteurs de l’Etat. C’est la base du pacte républicain. Il est inadmissible que certains élus ayant choisi le dialogue et l’apaisement, aient été menacés et traités de traitres. Je pense ici à la maire de Chirongui et au Vice Président du Sénat, Thani Mohamed Soilihi, que je tiens à remercier. »
Annick Girardin appelait « tous les mahorais, une nouvelle fois, à ce saisir de l’occasion qui nous est donnée d’avancer ensemble, d’avancer vite, d’avancer concrètement pour construire ensemble cet avenir. L’Etat restera à vos côtés ! »
Anne Perzo-Lafond
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