À peine 2 mois se sont écoulés depuis la dernière venue du président de l’APAJH France, Jean-Louis Garcia. Venue durant laquelle il avait été signé la convention pour la création de la première entreprise adaptée de Mayotte. En véritable terrain pilote et bon élève qui fait ses preuves d’efficace réactivité dans la mise en place de projets, d’aide et d’accompagnement, la structure de l’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) Mayotte compte aujourd’hui une douzaine d’établissements et services sur le territoire; soit près de 80 salariés dédiés aussi à la lutte contre le chômage chez les personnes en situation de handicap.
Et le nombre de recrutements devrait encore croitre d’ici la fin de l’année 2023 afin d’aller chercher sur le terrain, de sensibiliser et d’encadrer ces personnes qui n’osent pas pour la plupart se déclarer administrativement par honte culturelle et manque d’information.
Petit rappel de loi…
La loi du 11 février 2005 concerne l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Selon l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH), tout employeur de secteur public ou privé, de 20 salariés et plus, se doit d’employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total (5 % pour Mayotte).
Les entreprises nouvellement créées, ou celles dont l’effectif a atteint le seuil de 20 salariés, ont un délai légal de 5 ans avant d’être soumises à cette obligation sous peine d’être pénalisées.
Une pénalité que préfèrent payer certaines entreprises face à la complexité d’un labyrinthe administratif qu’ils dénoncent ou bien même d’un manque réel de communication informative en ce sens : « Je suis là aujourd’hui grâce à l’information d’un ami, sinon je ne savais absolument pas l’existence de telles structures d’accompagnement, ni même de cette matinée », indique Alban Gauluet, directeur associé Sarl, d’une trentaine de personnes, spécialisée dans les travaux d’installation électrique, « Ma présence est liée à l’accompagnement d’un stagiaire qui présente de gros troubles d’élocution, que nous avons pris en apprentissage mais aujourd’hui, nos services ne maitrisent pas du tout l’accompagnement qu’on peut avoir pour aider ce jeune homme, pérenniser son emploi car on est dans le flou total au regard de ses besoins, des nôtres et de la loi ».
Créer un lien pour développer de fertiles interactions porteuses
Loin de la démarche purement punitive au regard de la loi, les actions conjointes des organismes en puissance en lien avec la gestion et prise en charge des personnes en situation de handicap à la recherche d’un emploi à Mayotte se veulent avant tout interfaces médiatrices de cette mise en place des plus complexes qui, au final, ne fait que débuter sur notre territoire.
« Accompagner – Inciter – Sensibiliser », telles sont les consignes nous souligne Cédric Kari-Herkner, sous-préfet chargé de mission et référent handicap qui établit notamment sa stratégie d’action selon le plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH) aux côté de l’APAJH mais aussi de l’agence régionale de santé (ARS) ou encore de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et du Conseil départemental.
Être liaison entre les handicapés déclarés en recherche d’emploi et les sociétés qui ont des obligations mais qui sont aussi désireuses de trouver des profils de personnes en situation de handicap, là est toute l’essence des messages et discours tenus durant cette matinée d’échanges.
Outre un manque évident d’information en lien avec ces passerelles et ramifications complexes, certains chefs d’entreprises ont déjà tout de même franchi le cap : « Je ne cache pas qu’initialement j’avais des appréhensions mais l’accompagnement apporté de manière quasi quotidienne a conforté ma décision », nous dévoile Abdallah Djana, gérant d’une société de transport et 1er signataire de la convention entreprise adaptée (EA).
Véritable droit fondamental dans l’accessibilité à l’autonomie, le travail est un point névralgique de citoyenneté pour lequel il est un devoir et de l’Etat et de la société de manière générale, de faciliter l’accès aux personnes les plus vulnérables et encore bien trop invisibles.
L’autonomie, parlons-en justement. Parmi les nombreuses actions en cours liées à l’APAJH et la présence de son président sur le territoire, il a été signé ce jour, une convention entre le directeur de l’ARS, Olivier Brahic et l’organisme précité pour la mise en place de la première plateforme d’entraide pour l’autonomie (PEA) en France, accompagnant ainsi les personnes en situation de handicap et/ou perte d’autonomie.
Une première dédiée également aux aidants bien trop souvent négligés dans l’approche psychologique et santé mentale. Nous reviendrons rapidement sur ce sujet.
MLG