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Comores : les électeurs français et franco-comoriens ont largement voté pour Mélenchon

Malgré une proportion minime de votants, des similitudes apparaissent entre les votes pour la présidentielle aux Comores et celle sortie des urnes françaises ce dimanche. Des électeurs qui ont su trouver leur chemin entre "le charisme" du général de Gaulle et "l’aura politique" de Mitterrand.

L’élection présidentielle française a mobilisé 293 français et franco-comoriens dans l’archipel. Un taux d’abstention très élevé estimé à plus de 60%. En tout, 1274 électeurs étaient inscrits sur la liste, soit 981 franco-comoriens qui ne se sont pas rendus à l’ambassade de France à Moroni et dans les consulats des îles le jour du vote pour accomplir leur devoir civique. Trois bureaux de vote étaient mis à la disposition des électeurs dans les trois îles dont 1250 à Ngazidja (Grande-Comore).

Une perte d’influence de la droite française

À l’issue du vote dimanche 10 avril, le candidat de La France insoumise (LFI), Jean Luc Mélenchon, a recueilli 141 voix (48,79%) contre 92 voix (31,83%) pour Emmanuel Macron. La candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, est arrivée en troisième position avec 13 voix (4,5%), suivie du candidat Reconquête, Eric Zemmour qui a obtenu 11 voix (3,81%). La candidate de Les Républicains (LR), Valérie Pécresse, a recueilli 10 voix (3,46%). Yannick Jadot (EELV) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) ont obtenu respectivement 6 voix. La candidate socialiste Anne Hidalgo et Jean Lassalle (Résistons) ont recueilli chacun 3 voix alors que Philipe Poutou (NPA) et Fabien Roussel (PCF) ont été crédités de 2 voix.

Sylvain Riquier, Comores, présidentielle
Sylvain Riquier, ambassadeur de France aux Comores le 10 avril, après le décompte des voix

A la lecture des résultats, c’est le candidat de la France insoumise qui est en nette progression dans l’électorat franco-comorien. En 2017, Jean Luc Mélenchon avait recueilli 106 voix, soit 35 voix de plus en 2022. Le candidat d’En Marche, Emmanuel Macron avait obtenu 121 voix au premier tour et 145 voix au second tour. Marine Le Pen avait obtenu 9 voix au premier et au deuxième tour, soit 4 voix supplémentaires en 2022. La débâcle est enregistrée dans le camp de Les Républicains. François Fillon avait recueilli 57 voix au premier tour, soit 47 voix de moins en 2022.

Pourtant les franco-comoriens votent traditionnellement à droite depuis bien des lustres en raison des liens idéologiques forts entretenus par leurs arrières grands-pères avec le Général De Gaulle. La victoire de François Mitterrand en 1981 a fait naître certes des clivages mais l’attachement au gaullisme est resté toujours intact. De nombreux hommes politiques comoriens ont perpétué le mythe politique de Charles De Gaulle, puis celui de Jacques Chirac.

Il n’y a aucune enquête d’opinion qui permette de mesurer le degré d’engagement des franco-comoriens dans la politique française ni même déterminer avec précision leurs motivations philosophiques et idéologiques. Mais « le charisme » du général de Gaulle et « l’aura politique » de Mitterrand perpétuée par l’ancien premier ministre Lionel Jospin ont beaucoup influencé une bonne partie de l’électorat franco-comorien, d’après des témoignages de cadres et intellectuels comoriens.

Jean-Luc Mélenchon a obtenu, dimanche 10 avril, plus de voix que Macron-Le Pen réunis

Mélenchon réputé proche de l’électorat franco-comorien de Marseille

Aujourd’hui, avec la recomposition de la classe politique française, c’est la carte de proximité qui l’emporte chez les franco-comoriens, d’après Dr Ahmed Ouled qui connait bien la sociologie politique des Comoriens installés dans l’Hexagone. Jean Luc Mélenchon revendique une forte assise politique à Marseille où vit une bonne partie de la communauté comorienne en France. En 2017, c’est une jeune franco-comorienne, nommé Sarah Soilihi qui était la porte-parole de Mélenchon. « Ce choix de confier une telle grande responsabilité à une femme d’origine comorienne a fortement marqué les esprit des Comoriens de Marseille », estime Ouled Ahmed.

Cette percée du candidat de la France insoumise suivrait certes la logique de la déstructuration du paysage politique français avec « la fin » du clivage Gauche-Droite. Mais des franco-comoriens se retrouvent à quelques exceptions près du discours politique de Mélenchon et sa capacité à mettre en valeur les talents des franco-comoriens, à Marseille en particulier. L’élection d’un député franco-comorien, Said Ahamada (LaRem), élu dans la 7eme circonscription des Bouches-du-Rhône, peut aussi expliquer cette proximité, permettant aussi à une autre partie de l’électorat de se ranger derrière Emmanuel Macron. Un comité de soutien du candidat LaRem a été même mis en place aux Comores en 2017.

A.S.Kemba, Moroni

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