27.8 C
Mamoudzou
samedi 20 avril 2024
AccueilorangeDes bus comme punching-balls des querelles inter-villages

Des bus comme punching-balls des querelles inter-villages

Quatre bus ont été violemment caillassés ce vendredi à Koungou. Vraisemblablement des règlements de comptes, et selon les témoignages, de la part de lycéens voire d’étudiants. Si la carte du ramassage scolaire est pointée du doigt, elle ne saurait cautionner le déferlement d'agressions auquel ont assisté les chauffeurs.

Conducteur d’un bus quasiment neuf, Youssoufi Saïd, veut bien témoigner de ce qu’il a vécu ce vendredi matin, mais il nous demande 5 minutes pour rassembler ses idées, « c’était très violent ». Assurant la ligne Longoni-Dembéni (CUFR) à bord du bus N°32, il démarre son service comme tous les jours à 5h, et c’est un quart d’heure après, lorsqu’il arrive à la hauteur de l’arrêt de bus du collège de Koungou, que des pierres commencent à voler : « Je vois le n°15 faire demi-tour car il a appris que des poubelles sont en travers de la route à Majikavo. Je le suis, nous sommes nombreux à faire demi-tour, ce qui crée un embouteillage. Là, des jeunes avec sacs sur le dos, manifestement des lycéens ou des étudiants, commencent à jeter des pierres et à vouloir entrer dans le bus après avoir cassé la porte. Ils n’y arrivent pas, mais les morceaux de vitre giclent sur les sièges, heureusement les élèves que je transportais se sont couchés dans l’allée centrale. Là, on était immobile, on a subi, on a subi, on a subi pendant au moins 30 secondes. C’était long. Ils sont partis quand ils ont vu les gendarmes arriver. » L’homme de 41 ans est ébranlé par la violence, « vous avez vu mon bus ? Les cailloux que j’ai reçus ? Ils sont prêts à tuer. »

Un déchainement de violence qu’il ne s’explique pas vraiment, « c’est peut-être un conflit entre Koungou et Majikavo ». Une hypothèse plausible quand on entend Anli Siaka Djoumoi, Délégué syndical chez Transdev (gestionnaire du marché) et secrétaire départemental de FO Transports : « Il y a une mésentente entre élèves selon leur zone géographique. Certains qui sont dans le bus refusent que le chauffeur s’arrête en ramasser d’autres, en le menaçant. »

Youssoufi Saïd devant son bus au parebrise doublement impacté

« Des jeunes ont appuyé sur le bouton d’urgence »

C’est ce qui s’est passé la veille, nous rapporte Lanto Thomas, directrice de l’exploitant Matis, membre du nouveau groupement Narendre Mbeli (« Avançons ») : « Jeudi, un chauffeur a été agressé à Majikavo. Cherchant à s’introduire dans le bus pour s’en prendre à un élève qu’ils connaissaient, des jeunes ont appuyé sur le bouton d’urgence à l’extérieur du véhicule, pour l’arrêter. Cela stoppe le bus immédiatement, ils sont rentrés et sont venus chercher le gamin, tout en rackettant tout ce qu’ils pouvaient, en donnant des coups de poing aux passagers du bus. Le chauffeur a ensuite pu terminer sa desserte, mais les élèves présents s’en sont pris à lui, en lui reprochant de s’être arrêté, alors que ce n’est pas lui, le bus avait été mécaniquement stoppé. Ils lui ont pris son téléphone et ont cherché à arracher les clés. Il a du mérite, car, bien que choqué, il voulait reprendre le travail aujourd’hui. Nous l’avons arrêté un jour, en le changeant de ligne. » Elle déplore qu’à la suite de ces évènements, aucune décision n’ait été prise : « On s’attendait à trouver des renforts en forces de l’ordre ce vendredi matin sur le circuit, des patrouilles ou autre. Mais il n’y avait personne. »

Une violence inouïe déployée par des jeunes qui ont la chance d’être scolarisés ou inscrit au Centre universitaire. Et que n’hésitent pas à aggraver des individus venus des hauteurs de Koungou.

Les vidéos vont parler

Une des pierres qui a percuté et cassé la vitre arrière

Cette année, le plan de transport a été revu, sans tenir compte de ces guerres de village. Mais sait-on où elles s’arrêtent ? Si ce n’est pas les villages, ce sera les quartiers, les rues, etc. L’objectif n’est donc pas de s’adapter à la logique des violences, mais bien de les dépasser. Un planning de ramassage est établi, il n’est pas toujours respecté par les chauffeurs qui, soit subissent des pressions à l’intérieur du bus, soit ne veulent pas ramasser des éléments violents, comme l’explique Anli Siaka Djoumoi : « Il y a l’enjeu du découpage territorial, celui du nouvel allotissement, celui de l’évaluation de l’ensemble des élèves à ramasser… Il faut laisser le temps que tout cela se mette en place. C’est vrai que des bus ont du retard, mais les élèves doivent être patients, ce n’est pas en détruisant les bus qui les ramassent que cela va progresser. Je ne peux pas cautionner ces actes qui gaspillent l’argent public et qui mettent d’autres élèves en insécurité. Notre société est très fragile, tout le monde doit y mettre du sien. »

Au dépôt de Longoni, en vallée III, quatre bus sont alignés, les vitres explosées, des pierres jonchant l’habitacle : « L’un des bus n’a même pas 10 jours, il est neuf. Nous avons apposé des films anti-caillassage sur les vitres pour éviter au maximum des jets de bris de verre sur les élèves, mais c’est interdit de le faire sur les issues de secours. Elles sont explosées. » Deux élèves ont été blessés, l’une est traumatisée, et l’autre a reçu des bris de vitre.

Dans l’immédiat, et le temps d’arriver à expliquer cette violence et de la maitriser, les bandes video installées cette année dans les bus vont être exploitées, notamment sur l’agression de jeudi à Majikavo, mais aussi sur le bus de Youssoufi Saïd, puisque certains jeunes étaient sur la porte extérieure, possiblement dans l’angle de la caméra. Les chauffeurs vont déposer plainte.

Anne Perzo-Lafond

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

L’agenda loisirs du week-end : Un casting de Miss Mayotte, de la lecture pour...

0
Au programme de ce week-end : Casting Miss Mayotte 2024 à la MJC de Mangajou ; Animation « Bébé lecteur » à la médiathèque municipale à Chirongui ; un carnaval à Labattoir avec défilé et diverses animations, de la rando avec les Naturalistes et les sorties tranquilles, une soirée au Zen Eat ; les finales de la Supercoupe communale sport ramadan Football ; sans oublier les séances de cinéma.
JIOI, athlétisme, Mayotte, JO, Baléares

Faute d’infrastructure, nos athlètes vont s’entrainer ailleurs

0
Ils se sont envolés vers Paris ce vendredi puis les Baléares, Ali Soultoini, Kamel Zoubert et Mohamed Ousseni où ils ont rejoint Saïd Soyifidine et Djassim Ahamada
Interreg, Mayotte, Madagascar

Lancement d’une filière de fourrage malgache au profit du bétail mahorais

0
C’est une opération dans le cadre de la gestion par le conseil départemental de l’enveloppe européenne INTERREG VI Canal du 2021-2027 de 10,2 millions d’euros. Pour rappel, il s’agit de développer des actions « gagnant-gagnant »,...
CDC Habitat, Banque des Territoires, SIm, logements, EPFAM, Mayotte, LBU

Inauguration de logements à Dzoumogné, « on aimerait y habiter ! »

0
Malgré les crises, la SIM poursuit son objectif de sortir 500 logements par an. A Dzoumogne, le maire a été proactif sur la sortie de deux programmes de financement de 90 logements au total

Recyclage plastique : L’opération « Hifdahuichisiwa » a connu un large succès

0
Du 18 mars au 13 avril, Citeo a lancé une vaste opération de collecte des bouteilles en plastique en partenariat avec l’association Nayma, appelée « Hifdahuichisiwa ». Un dispositif ludique sous forme de jeu-concours a été mis en place afin d’inviter les Mahorais à ramener leurs bouteilles d’eau en plastique. Ce Jeudi, à La Croisette à Mamoudzou, les 25 gagnants du concours se sont vus remettre un bon d’achat de 150 euros.

Recent Comments