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jeudi 25 avril 2024
AccueilorangeIssa Abdou : « Il faut penser Mayotte, rêver Mayotte, notre boussole, c’est Mayotte »

Issa Abdou : « Il faut penser Mayotte, rêver Mayotte, notre boussole, c’est Mayotte »

C’est sous forme de bilan de son action que nous avons interviewé le 4ème vice-président du Département, Issa Issa Abdou, candidat à sa propre succession sur le canton de Dembéni. En visant le haut de l’affiche, le fauteuil de président du Département.

JDM : Etes vous satisfait du parcours de l’exécutif auquel vous avez appartenu depuis 2015, avec une certaine stabilité politique puisque, contrairement aux précédents, il n’y a pas eu de remaniement officiel de la majorité ?

Issa Issa Abdou : Nous avions une majorité large et un sage à la tête de l’exécutif, ça a apaisé beaucoup de choses. Une unité qui nous a permis de rédiger en 2016 aux côtés des autres élus du territoire, un mémorandum remis à Manuel Valls, portant sur un schéma budgétaire et financier stable des collectivités de Mayotte. Nous avons assaini les finances, un chantier qu’il faut poursuivre. Je suis candidat en me basant sur cette connaissance fine que j’ai acquise de l’intérieur. Ce mandat est en forme de cheval de Troie, les jalons sont posés, ils préparent le coup d’après. La prochaine mandature sera notamment celle des inaugurations : celle de la Technopôle dont les travaux vont commencer, de la gare maritime d’Iloni, ou de l’ensemble des gymnases indispensables aux Jeux des Iles 2027 que nous voulons organiser.

Quel bilan tirez-vous dans votre domaine de l’action sociale qui était quasiment au point mort lors de votre arrivée ?

Et nous payons notamment les frais de cette absence d’investissement auparavant. Au sein de celle qui s’appelait alors la Direction de la Solidarité et du Développement social, régnait une ambiance très tendue, qui avait besoin d’être apaisée. Avec la réorganisation de l’action sociale, un nouvel organigramme a émergé. Nous avons mis en place de nombreuses actions, ce qui nous a valu d’obtenir une juste compensation financière de la part de l’Etat. Il a fallu que je sécurise le budget annexe qui était consacré à ces actions, que certains auraient bien vu revenir dans les finances générales. Ce qui m’a valu de nombreuses attaques, mais j’ai suivi ma boussole. Je rappelle que le vice-président agit par délégation du président, et avec la validation de la majorité des élus. Or, j’ai toujours eu le soutien du président Soibahadine. Nous avons ainsi pu agréer les associations, dont 11 SAAD, des Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile, et mettre en place l’Allocation aux Personnes âgées et l’Allocation pour les personnes handicapées.
Sur le volet de l’enfance, en plus du doublement des familles d’accueil, nous avons mis en place les Lieux de Vie et d’Accueil et les Maisons d’enfants à caractère social. Ils ont été portés par des associations qui n’étaient pas seulement celles qui avaient pignon sur rue. Je suis fier d’avoir fait grandir des associations mahoraises, comme Dagoni Services, Msanda Mayotte, etc., même si certaines ont dû être accompagnées. Je rappelle que ce sont des actions de droit commun qui entrent dans les compétences obligatoires du conseil départemental. Cela nous a permis de prendre en charge environ 2.000 enfants, et s’il n’y avait pas eu de nouvelles arrivées, nous aurions absorbé tous ceux qui étaient dans la rue.

Avec le secrétaire d’Etat Adrien Taquet en octobre 2020

Avez-vous dressé un bilan de l’action de ces associations ?

Il est en cours, il a été partiellement présenté lors de la matinée sur le bilan de la protection de l’enfance.  Le fait d’avoir été privé de direction de l’Aide Sociale à l’Enfance pendant prés d’un an nous a fait prendre du retard, et je veux souligner le travail remarquable mené par le directeur Abdou-Lihariti Antoissi. Mais nos partenaires exigeants que sont notamment l’Etat et la justice, ont souligné le travail fait, et le chemin qui restait à parcourir, notamment sur la qualité de la prise en charge. En tout cas, si nous avions raté ce virage de l’action sociale, à la prochaine mandature, nous y serions encore.

NOUS NE DEVONS PAS NOUS ENFERMER DANS UN BUNKER POUR DECIDER

Vous vous présentez sous l’étiquette MDM, Mouvement pour le Développement de Mayotte, qui a éclaté en deux branches distinctes. Avec le risque d’affaiblir la formation, puisque l’autre section propose 9 binômes…

J’ai été investi par la branche progressiste du MDM, du sénateur Hassane Abdallah, qui propose 6 binômes et en soutient 4. Et je suis le seul MDM à Dembéni aux côtés d’Inaya Salimi. Je ne m’inscris pas dans l’un ou l’autre MDM, je veux rassembler Mayotte et apaiser les tensions politiques, notamment dans la continuité de ce qu’a initié Soibahadine Ibrahim Ramadani. Je ne suis pas LR et pourtant, je suis dans sa majorité. Comme nous l’avons fait avec lui, il faut raisonner Mayotte, il faut rêver Mayotte, notre boussole, c’est Mayotte, l’intérêt du territoire avant tout.

Vous qui connaissez la maison de l’intérieur, quelles seront vos priorités ?

Tout d’abord, apaiser le territoire. Le président du conseil départemental est le président de Mayotte. Il faut incarner un vrai leadership, que les élus reprennent la place que les collectifs nous contestent. Il faut montrer qu’il y a un pilote dans l’avion et que le cap est fixé. Ensuite, il faut remettre la maison au travail. Il y a de vrais talents chez nous, il faut redéfinir leur place. En matière de gouvernance, il faut ouvrir, nous ne devons pas nous enfermer dans un bunker pour décider. Des outils existent, le conseil citoyen, le conseil des jeunes, le conseil des sages, etc. Et le conseil des élus qui doit montrer l’exemple en arrêtant notamment de concert et à Mayotte, les décisions de la feuille de route à transmettre à Paris, en préambule à la rédaction du prochain projet de loi cadre pour Mayotte.
Il faut dans un premier temps clore le plan de mandature actuel, notamment les investissements que j’ai évoqués, et en fournir un nouveau qui sera donné dès le début de mandat lors d’un discours de politique générale. Il intégrera les grands axes routiers, dont le contournement élargi de Mamoudzou, la traversée accélérée entre Petite et Grande Terre, les liaisons maritimes depuis Iloni et Dzoumogne. Il faut être concret, efficace et opérationnel.

Des dossiers restent en souffrance, le port, les violences entre jeunes…

Elisabeth Brone, Jean-Baptiste Djebarri, Mayotte, Longoni, DSP, MCG, Grand Port Maritime
La gestion contestée du port reste un caillou dans la chaussure du Département, un enjeu dans cette période de financement des campagnes électorales

Au sujet du port de Longoni, je suis pour l’efficacité. Il ne faut pas personnaliser le débat, c’est ce qui a plombé notre mandat. Or, outre le projet du gaz du Mozambique sur lequel nous avons travaillé, nous devons faire de ce port le Singapour du canal du Mozambique, pour citer un acteur de Longoni. Du côté de la piste longue de l’aéroport, le projet est lancé avec un investissement de 80 millions d’euros du conseil départemental.
L’hôpital aussi est un gros sujet et ma casquette de président du conseil de surveillance m’a permis de comprendre qu’il fallait à long terme un CHU ici, une fois que nous aurons implanté une université de plein exercice, ainsi qu’un CROUS indépendant de La Réunion. Pendant ma présidence du CHM, nous avons quitté le Groupement hospitalier de territoire avec La Réunion, une ARS de plein exercice a été installée voulue par la population, et je rends hommage au personnel soignant qui a fait face à deux crises sanitaires. Nous avons installé une hélisurface, et programmé la modernisation de plusieurs services, il faut désengorger l’hôpital en appliquant des mesures comme la CMU-C qui vont attirer des médecins libéraux.
En matière de sécurité, je suis comme tous les mahorais, je vis cette situation comme eux. Même si c’est une mission régalienne, et vu les proportions que ça prend, il faut au préalable un pacte avec tous les partenaires, Etat, acteurs locaux, mairies. Sur ce sujet, l’initiative du maire de Mamoudzou autant sur les Assises de la sécurité que sur la parentalité est une bonne chose.

Quelles autres priorités ?

L’éducation, notamment à travers les cordées de la réussite, au sujet desquelles je me suis réjoui que le rectorat entre dans la danse. Un enfant de Nyambadao doit pouvoir se dire qu’il envisage Polytechnique. Il faut viser l’excellence, et le reste suivra. Ensuite, il faut appuyer le lien de l’école à l’emploi. Ce qui implique de recenser les métiers en tension de demain, plombier, électricien, etc. Des informations utiles au travail des conseillers d’orientation. C’est comme ça qu’on endiguera les 35% de taux de chômage. Il faut aussi recruter local à compétence égales, ils ont bien compris ça à La Réunion.
L’environnent ensuite, qui impacte les politiques publiques, à travers des projets sur la biomasse, les énergies renouvelables sans oublier de commencer par une gestion efficace de la collecte des déchets.
La culture également, qui reste un manque à Mayotte, où il est impossible d’acheter un CD, ou de proposer un enregistrement en studio à un musicien ou une salle de spectacle. Tous ces axes sont pourtant aussi une réponse à la jeunesse.

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

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