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jeudi 28 mars 2024
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Salon de l’agriculture de Paris : La sécurité alimentaire en filigrane

Au salon international de l’agriculture qui se tient à Paris depuis le 23 février jusqu’au 3 mars, les départements d’outremer ont comme chaque année répondu présents. Mayotte n’a pas dérogé à la règle. Et pour cette édition 2019, l’Office de développement de l’économie agricole des départements d’outre-mer (Odeadom) a organisé un colloque autour de la problématique de « la sécurité alimentaire des territoires ultramarins ». Un sujet ô combien important dans le 101ème département au vu des problèmes que rencontre régulièrement l’agriculture mahoraise : vols, pesticides, conditionnement et structures limitées.

Les stands sont colorés et festifs au pavillon outre-mer. Musique et senteurs locales s’entrechoquent dans un joyeux tumulte où Mayotte a une place de choix puisque son magnifique stand a été placé en plein centre de la salle en face du comptoir de l’Odeadom. Les trois exposants mahorais (la Coopac, Green Fish et l’association Senteurs et saveurs de Mayotte) invités par le Comité départemental du tourisme à présenter leurs produits et vendre la destination, répondent aux questions des passants et des curieux. L’opération promotionnelle est un franc succès.
Mais l’événement annuel de l’agriculture française est aussi l’occasion pour les producteurs ultramarins de faire leur introspection pour débattre des principaux problèmes que rencontrent les Dom dans ce domaine. Trouver des solutions, c’est ce qu’ont tenté de faire les participants au colloque organisé par l’Odeadom le 26 février dernier. Le choix du débat s’est porté sur « la sécurité alimentaire » mais les obstacles diffèrent d’un territoire à un autre. C’est ce qu’a rappelé dans sa prise de parole Mohamed Boinahery, président de l’union des coopératives agricoles de Mayotte.

Une solution aux vols : installer les producteurs dans leurs exploitations

Hervé Deperrois préconisait de déverrouiller la réglementation pour installer es agriculteurs sur leur expliotation

L’un des premiers problèmes soulevés par le représentant mahorais sont les chapardages dans les exploitations. « On estime à 40 % de la production fruitière et maraîchère globale les vols commis dans les champs », explique Anthoumani Saïd, nouveau président de la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam) fraîchement élu le mois dernier. Une solution selon Hervé Deperrois, directeur de l’Odeadom serait de favoriser l’installation des agriculteurs à proximité de leurs sites agricoles. « Ceux qui peuvent le faire, n’ont pratiquement aucun vol. Donc ce n’est pas inéluctable. Il faut juste déverrouiller un peu les réglementations administratives pour autoriser les approvisionnements en gaz, eau et électricité des habitations rurales au sein des exploitations », développe-t-il.

A cela s’ajoute, les dégâts causés par les animaux sauvages protégés par la convention de Washington. Il s’agit bien évidemment des makis et roussettes. Si les pertes sont difficiles à chiffrer, Mohamed Boinahery les estime colossales : « Quand un agriculteur produit deux tonnes de mangues, en réalité il en produit qu’une car la moitié a été dévorée par ces animaux ». Pour Hervé Deperrois, des solutions existent comme l’installation de filets sur les arbres fruitiers. Certains utilisent déjà un système D en disposant un shiromani autour des régimes de bananes par exemple. Le président de la Capam est d’accord mais à condition que ces filets soient biodégradables au cas ils se retrouveraient dans les rivières puis dans le lagon. Mais d’après lui, il faut également augmenter les aides du programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (Posei) pour compenser ces destructions agricoles.

Mayotte peut-elle être autosuffisante au niveau agricole ?

La question de la capacité de l’île à subvenir à ses besoins alimentaires a aussi été évoquée. La forte démographie interroge quant aux capacités du territoire à nourrir sa population. « Au niveau des fruits et légumes, on ne manque pas de produits locaux. C’est plus au niveau du riz et de la viande qu’on importe énormément », rappelle Anthoumani Saïd. En l’absence d’abattoir à l’exception de celui du lycée agricole, difficile de structurer la filière bouchère. Mais cet aspect devrait bientôt changer puisqu’un projet d’abattoir de volailles va voir le jour d’ici 2020 à Kahani. « On trouve déjà des poulets fermiers locaux dans les supermarchés et actuellement on a une couveuse dont la production est estimée à 6.500 poussins par semaine pour l’industrie de poules de chair », souligne le président de la Capam. Pour ce qui est d’un abattoir de bovins, ovins et caprins, il faudra encore attendre qu’un projet fiable se dessine.

Un des meilleurs exemples de réussite en termes d’autosuffisance reste la production d’œufs puisque l’île peut quasiment à elle seule satisfaire le marché local. « Auparavant, on importait beaucoup d’œufs de La Réunion notamment à la période de Ramadan », explique le président de la Capam. Aujourd’hui les exploitations mahoraises se sont agrandies et sont plus en mesure de répondre à la demande.
« D’après nos études, on a pu montrer que le taux de couverture (en termes d’autosuffisance alimentaire) sur Mayotte est plutôt supérieur à ceux d’autres territoires ultramarins », rappelle le directeur de l’Odeadom. Par ailleurs, dans l’île au lagon le pourcentage de surface agricole par rapport à la taille du territoire est le plus élevé de tous les territoires d’outremer.

Développer les échanges régionaux en parallèle de la production locale ?

« 40% de la production est volée », selon Anthoumani Saïd

Si l’ensemble des acteurs de l’agriculture est d’accord pour continuer à soutenir la production locale et la développer, certains souhaiteraient un peu plus d’ouverture vers les pays voisins en termes d’échanges commerciaux agricoles. C’est le cas de Nouridine Hakim, gérant et fondateur de la société Green Fish producteur de piments, achards, confitures, infusions et riz mele. « Oui Mayotte produit beaucoup dans certains domaines mais qui aujourd’hui peut se payer un régime de banane à 100 euros ? », s’interroge l’entrepreneur. L’inflation liée aux nombreux salaires élevés et indexés y est pour quelque chose. Le développement de l’importation de produits agricoles en provenance des Comores et de Madagascar pourrait tirer les prix vers le bas. « Mais il ne faut pas non plus que cela se fasse au détriment de nos producteurs et des consommateurs » tient à préciser Nouridine Hakim. De plus, les échanges avec ces pays demandent de redoubler d’efforts en termes de contrôles pour respecter les normes phytosanitaires. « Tout est une question de volonté politique », ajoute le producteur.

Quelle capacité d’exportation des produits mahorais ?

Pendant longtemps la vanille et l’ylang étaient le fer de lance de l’exportation mahoraise avant que la concurrence malgache ne vienne y mettre un coup d’arrêt. Pour Hervé Deperrois, il faut à présent plus de projets de transformation et de valorisation des produits agricoles pour qu’ils puissent être proposés tout au long de l’année et à plus de consommateurs notamment extérieurs. Nouridine Hakim va plus loin en suggérant le développement de niches : « On pourrait développer des productions agricoles traditionnelles et authentiques afin de satisfaire d’abord le marché de la restauration de plus ou moins haute gamme à Mayotte et en dehors, notamment pour le marché touristique ».

De notre correspondant à Paris, Gauthier Dupraz.

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