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jeudi 28 mars 2024
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Kahani : trois blessés, deux condamnés, un an ferme

code-penal-salle-correctionnelleImpassibles à la barre, Anli et Arkane ne semblent pas bien comprendre ce qu’ils ont fait de mal. Quand le président Sabatier leur demande ce qui leur vaut un procès, ils estiment que l’on « leur reproche une bagarre ».
La « bagarre », c’est plutôt une expédition punitive, menée le 28 août dernier par des jeunes de Combani. 15 à 20 jeunes selon les prévenus. Plutôt une 30aine selon les témoins. 30 individus qui marchent une heure depuis Combani jusque Kahani, pour en découdre avec l’auteur présumé d’une agression. Mais faute de trouver cette cible, ils décident de frapper tout ce qui bouge.
En à peine cinq minutes, le groupe s’en prend à trois personnes. Le premier, choisi au hasard devant le lycée est battu, notamment à coup de courroie de moteur. Puis le groupe part en courant, et s’en prend à un autre homme qui attend son bus. Les jeunes lui réclament son portable, mais il tente de fuir. « On lui a donné des coups de pieds car il voulait s’enfuir, tente de justifier Anli. On était nombreux à le frapper. C’est Anli qui commence à le frapper. Un coup de pied pour le faire chuter, et tous se sont acharnés sur l’homme à terre.
« Une fois au sol, il pouvait se passer n’importe quoi, on pourrait être aux assises pour meurtre » tonne le président Sabatier, pour faire comprendre aux deux jeunes majeurs la gravité de leur violence. Sans grand succès.
La troisième victime, c’est un agent de sécurité du lycée, qui tente d’entamer le dialogue avec le groupe. « Il ne faut pas se battre, leur lance-t-il, pensez à votre avenir ». Ces paroles de sagesse sont confirmées par les 5 autres auteurs présumés de l’expédition punitive à avoir été arrêtés. Tous mineurs, ils sont mis en examen et seront jugés par le tribunal pour enfants. Des paroles de sagesse qui ont déclenché un redoublement de violence. « un déchaînement de violence totalement gratuit » dénonce encore Laurent Sabatier qui pointe le manque de « courage » et la « stupidité affligeante » dont les prévenus ont fait preuve.

Là où échoue la pédagogie, il reste la prison

Dans un souci de pédagogie, le magistrat et ses deux substituts ont tout tenté. Citer le Rwanda, où « quelqu’un a mal agi, on ne le trouve pas, alors on prend des gens qui lui ressemblent et on les massacre ». Il cite le Contrat Social de Rousseau, ou encore les règles du Hockey sur glace, où celui qui enfreint les règles passe quelques minutes en prison.
Anli et Arkane n’ont peut-être jamais vu de glace, mais ils ont déjà passé une nuit en prison en attendant leur procès. Ils n’aiment pas disent-ils. Ils risquaient pourtant d’y partir pour 10 ans, rappelle le substitut du procureur Tanguy Courroye qui rappelle le « risque d’infirmité permanente » d’une des victimes.

Le procureur Tanguy Courroye
Le procureur Tanguy Courroye

Il rappelle aussi que les faits reprochés, quoique tristement fréquents ces derniers mois à Mayotte, sont « parmi les plus sévèrement réprimés par la Loi ». Soucieux de faire à son tour comprendre aux deux prévenus le mal qu’ils ont causé, soucieux de leur faire entendre à quel point ils ont troublé la quiétude du village, le procureur a listé ce que faisaient les victimes avant de se faire agresser.
Le premier attendait sa cousine qu’il ne voyait pas souvent et se réjouissait de retrouver. Le deuxième attendait simplement son bus. Le troisième tentait de « rétablir la paix avec cette phrase judicieuse, lucide », qui lui a valu une fracture du plancher de l’orbite. Une telle blessure empêche l’œil de suivre les mouvements.
De plus, poursuit le procureur, « ces faits ont entraîné une succession de violences dans les lycées en septembre, la réponse pénale doit être à la hauteur ». Il requiert un an de prison, dont 6 mois avec sursis. Le tribunal, estimant que le sursis n’aurait « aucun effet » et que « les faits sont scandaleux dans une société civilisée » a prononcé un an ferme, sans sursis, et maintien en détention. Les deux sont repartis à Majicavo pour les prochains mois, malgré la tentative de leur avocat de convaincre que ça ne « portera pas de fruits ».
Y.D.

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