La découverte récente d’une nouvelle espèce de serpent à Mayotte tend à donner raison à cette carte éditée au sein de l’université de Yale, qui donne une idée des régions du monde où il resterait le plus d’espèces à découvrir. Madagascar s’y distingue clairement comme une particulièrement riche, mais notre archipel n’est pas en reste. Ainsi à Mayotte, on peut voir qu’il reste des oiseaux, reptiles et peut-être même des mammifères à inventorier. Pour ne parler que des espèces animales.
Sur notre île, diverses missions sont centralisée par les services de la DEAL afin d’inventorier les espèces inconnues ou méconnues, et ainsi mieux les protéger. Problème : la crise sanitaire a conduit à l’annulation ou au moins au report de plusieurs missions.
Nous avions déjà relayé une étude portant sur les libellules, par l’entomologiste Vincent Nicolas. Un ouvrage était attendu fin 2020, “ça sera plutôt à l’automne 2021” note Amélie Van Gemert, chargée de mission sur les espaces protégés terrestres. Il en va de même pour un inventaire sur les coccinelles de Mayotte, par le même auteur.
La responsable ajoute qu’un inventaire doit aussi définir des périmètres sur lesquels l’écosystème est particulièrement riche, les zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique. “On attend notamment un inventaire des insectes pour redessiner ces zones afin de mieux protéger la biodiversité en priorisant les zones les plus intéressantes.” En priorité, la Deal voudrait ainsi localiser les espèces dites “déterminantes”, en raison de leur fragilité et/ou de leur intolérance à la pollution, afin de prioriser les actions de protection.
Un guide gratuit en ligne

“Dans le même genre on a reçu un guide des myriapodes de Mayotte (mille-pattes) qui est téléchargeable gratuitement sur le site du muséum d’Afrique centrale en Belgique et la même personne, Didier Van Den Spiegel, devait venir faire un inventaire des araignées, sans doute à l’automne.” Une annonce “sous réserve des éventuelles restrictions sanitaires” indique la Deal.
“Il y avait aussi un ornithologue, Ben Warren, du muséum national d’histoire naturelle qui devait venir faire des analyses sur les oiseaux d’ici pour avoir une idée de la proximité génétique avec ceux de la zone et du risque d’extinction. Il viendrait en fin d’année au lieu de 2020.”
Mais il n’y a pas que les animaux. Le conservatoire botanique de Mascarins, qui a l’avantage d’être sur place et donc de pouvoir travailler même quand les avions sont cloués au sol, ne chôme pas. Depuis la découverte du Namoulohna, une espèce d’arbre endémique de la plage de M’tsamoudou, une autre plante endémique de l’îlot M’Bouzi a été identifiée. Le Mont Choungui est aussi un écosystème où des végétaux uniques au monde ont élu domicile.
Or, qui dit unique dit aussi fragile. Le danger, “c’est la destruction des habitants, on peut avoir une espèce inféodée à une zone en particulier, s’il y a du broutage avec les zébus, une plante ou les insectes inféodés à cette plante peuvent disparaître. A Saziley il y a beaucoup de déforestation dans les forêts sèches, si une espèce ne vit que dans cette zone, elle va disparaître.”

Or, “un des problèmes c’est que les espèces non répertoriées ne sont pas protégées. Ainsi la nouvelle espèce de serpent n’est pas encore officiellement protégée” poursuit la chargée de mission.
Pour les créateurs de la carte “Mao of Life”, la biodiversité mondiale est un “puzzle” dont trouver les “pièces manquantes” est nécessaire à la prise de décision “pour améliorer la protection de la biodiversité dans le monde entier”.
Sur une île comme Mayotte où les habitants sont aussi fragiles, cette piqûre de rappel est plus que bienvenue.
Y.D.